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Des noces parfumées de la noix de coco et de l’emblématique fleur de tiaré est né le monoï, onguent, en langue reo’maohi. Découvrez les vertus secrètes de cette manne polynésienne.

Plus connue à tord comme une huile de bronzage, le monoï recèle de nombreuses vertus insoupçonnées. Les Polynésiennes s’en servaient jadis et toujours aujourd’hui comme une huile hydratante pour le corps et les cheveux. Les anciens l’utilisaient pour purifier et embaumer les morts, ou pour masser les bébés et leur offrir par ce soin une protection contre la déshydratation. Partout où ils se déplaçaient, ils emportaient des litres de monoï préalablement conditionnés pour les voyages. Cette huile servait pour l’assouplissement des muscles, l’art du massage et la protection contre les piqûres de moustiques. L’un de ses composants (la fleur de tiaré) était utilisé en pharmacopée pour le traitement de différents maux (oreilles, migraines, orgelets, eczémas…). Parfois, on y ajoutait de la suie de noix de bancoulier et ce mélange de couleur bleu profond, voire noir, servait d’encre de tatouage. Il était aussi utilisé lors de rites religieux. Les prêtres le répandaient abondamment sur les autels de pierre afin de purifier les offrandes destinées aux dieux et également pour oindre les objets sacrés. Le monoï est l’un des piliers de la culture polynésienne car ses deux ingrédients principaux, la fleur de tiaré et la noix de coco, sont partie intégrante de la vie de ces insulaires qui ont su en tirer le meilleur parti. Chaque partie du “cocos nucifera” avait son utilisation dans la culture ancienne. La fleur de tiaré, quant à elle, “gardenia tahitensis” de son nom savant, a toujours été la fleur emblématique de la Polynésie. Car s’il existe de nombreuses variétés de gardénias partout ailleurs, l’arbuste du “gardenia tahitensis” ne pousse qu’en Polynésie grâce aux conditions climatiques et à la qualité du sol (calcaire d’origine corallienne). Il existe même une fleur de tiaré appelée “apetahi” qui ne pousse que dans une seule vallée d’une île peu connue de la Polynésie.

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LE MONOÏ, UNE FABRICATION MILLÉNAIRE

Autrefois, le monoï était obtenu à partir d’amandes, extraites des noix de coco mûres, séchées au soleil puis râpées (coprah). De cette matière, on extrayait au bout de deux ou trois semaines, une huile très rance, non consommable, mais parfaite pour fabriquer le monoï. On faisait ensuite macérer des pétales de fleurs de tiaré dans cette huile de coprah. Certains anciens (et encore aujourd’hui ceux qui fabriquent leur monoï maison) y trempaient une tête de chevrette écrasée, censée arrêter le rancissement du produit.
Aujourd’hui, le procédé a quelque peu changé, mais le résultat reste identique et la fabrication entièrement naturelle. Une fois cueillie, la noix de coco est coupée en deux. On en extrait l’amande, exposée une semaine au soleil. Sa chair est ensuite broyée en farine, chauffée et pressée à 125 °C. C’est la phase dite de trituration. L’huile obtenue est raffinée deux fois et purifiée grâce à un traitement à l’argile. On obtient alors l’huile de coprah. Elle est ensuite stockée dans des cuves. Sont ajoutés des antioxydants qui vont lui éviter de rancir pendant l’étape suivante appelée l’enfleurage. Au cours de cette nouvelle phase, on fait macérer pendant dix jours au minimum dix fleurs de tiaré par litre de liquide. Les fleurs sont soigneusement sélectionnées. Elles doivent être récoltées au stade de boutons (riches en phytohormones, aux vertus émollientes) et débarrassées de leur pistil. De plus, elle doivent être utilisées au plus tard le lendemain de leur cueillette. Le monoï est une nouvelle fois filtré. Il peut alors être conditionné pour l’exportation et additionné de parfum ou de filtre solaire. Depuis 1942, date de la première exploitation industrielle, il est devenu un important enjeu économique du territoire.

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LE MONOÏ, DES BIENFAITS PROUVÉS

Une étude réalisée en 2000 par les laboratoires Evic-Ceba ont démontré scientifiquement les nombreuses qualités de ce produit millénaire. Il présente un effet protecteur contre les agressions extérieures comme le froid et les différentes variations climatiques. Il possède des propriétés hydratantes cutanées à effet immédiat et retardé. L’hydratation augmente de façon significative de 15 %, seulement 15 minutes après l’application et ce taux se maintient pendant deux heures. L’hydratation se prolonge environ six heures après application. Après 4 semaines d’utilisation, on obtient un taux d’hydratation progressifet durable de 6 % par rapport au taux existant avant traitement au monoï.Appliqué une fois par jour, le monoïde Tahiti a également des effets sur la fermeté de la peau. En surface, le microrelief est amélioré, la peau est plus lisse et plus douce. Elle est aussi plus ferme, plus élastique et plus tonique. En profondeur, le derme est solidifié.Appliqué avant le shampooing, trois fois par semaines, le monoï a un effet sur les cheveux dont il améliore la brillance et l’aspect global. La fibre capillaire est régénérée et les écailles sont resserrées.

Les dernières recherches scientifiques effectuées par le Centre de valorisation des glucides et des produits naturels (CVGPN) ont permis d’identifier les propriétés fonctionnelles du monoï à travers ses composés volatils. Il en résulte que le monoï à une capacité émolliente (se dit d’une substance qui ajoutée à une préparation cosmétique lui confère des propriétés d’adoucissement de la peau), une action assainissante par la présence de composés inhibiteurs de divers éléments pathogènes (bactéries, levures et moisissures), une action anti-inflammatoire et analgésique locale, une action additive (se dit d’une substance qui ajoutée à un produit cosmétique accroît les propriétés recherchées et limitent les effets indésirables), une action déodorante.

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UN LABEL D’ORIGINE CONTRÔLÉE

Souvent copié et imité, mais jamais égalé, le monoï a obtenu en 1992 l’appellation d’origine contrôlée, qui constitue une véritable assurance pour le consommateur. Cette appellation certifie le mode de fabrication et la réelle provenance de Polynésie. Alors gare à la contrefaçon ! Pour reconnaître le véritable monoï de Tahiti, c’est simple, il suffit de regarder le packaging. Celui-ci doit contenir un logo non obligatoire (une fleur de tiaré dans un rectangle ou un cercle), et la mention obligatoire “appellation d’origine”. De plus, le monoï se fige et se défige sans perdre ses qualités et ses propriétés. Pour le réchauffer, il suffit de le plonger au bain-marie ou tout simplement quelques minutes dans un récipient rempli d’eau chaude. Il est alors prêt à l’utilisation.
Le monoï est une huile précieuse. Si précieuse qu’on le retrouve désormais sous de nombreuses formes : avec indice de protection pour bronzer sans danger. En shampoing, savon, gel douche, soin après soleil, exfoliant… Ces produits dérivés doivent répondre à des normes très précises : À l’exception des savons, ils doivent contenir au minimum 0,5 % de monoï, pour porter la mention “au monoï”.

Les savons, eux, doivent en contenir un minimum de 30 %, même si certains en contiennent jusqu’à 62%.Lorsque votre produit affiche entre 50 et 90 % de monoï, il ne s’agit pas de monoï mais “d’huile au monoï”.Le monoï conditionné pour la vente, quant à lui, requiert un minimum de 90 % d’huile de coprah raffinée et fabriquée en Polynésie. Le monoï de Tahiti est sans aucun doute le produit qui va vous suivre dans toutes vos pérégrinations estivales. Mais ne réservez pas ses vertus aux chaleurs de l’été et utilisez-le toute l’année pour savourer l’art de vivre à la Polynésienne.

L’ABSOLU DE TIARÉ

La fleur de tiaré est devenue très prisée des grands parfumeurs. Comment fabrique-t-on l’absolu de tiaré, cet élixir si précieux? L’aventure commence en récoltant et en faisant macérer des fleurs bien fraîches dans un solvant. Ce dernier dissout les molécules odorantes. On appelle cette manipulation le trempage. Le liquide obtenu est placé dans un extracteur qui chauffe le liquide à une température gardée secrète par les fabricants. Le solvant (désormais “parfumé” au tiaré) est alors gazéifié. Une pompe à vide permet au mélange gazeux d’arriver dans un récipient où la température produit une condensation qui va transformer le mélange en un liquide. En même temps, dans la cuve du dispositif, une pâte se forme. Dense et de couleur ambrée, grasse au toucher, c’est la concrète. Cette matière subit alors le glaçage. À une très basse température, elle se scinde en deux éléments : la cire de tiaré, destinée au monoï et aux crèmes, et l’absolu, liqueur fondamentale pour les parfums. Les tiarés ont un rendement de 1 à 2 g pour 1000 g. La concrète à l’exportation vaut environ 5023€ le kilo. L’absolu en vrac dépasse souvent 5860€.

BIEN UTILISER LE MONOÏ

Appliqué après la douche ou le bain, il adoucit et hydrate la peau. Après une baignade en mer ou à la piscine, il évite le dessèchement dû aux effets combinés du sel, du soleil et du vent, ou du chlore. Quelques gouttes dans le bain vous parfumeront délicatement. Vous pouvez également vous en servir comme masque capillaire. Déposez une bonne noix dans le creux de vos mains et massez-vous le cuir chevelu. Enroulez-vous une serviette chaude autour de la tête, laissez agir au moins 20 minutes. Résultat antipelliculaire garanti.

INTERVIEW D’ODILE LABROUSSE, MÉDECIN ESTHÉTIQUE-ACUPUNCTEUR-HOMÉOPATHE

Le monoï comme soin post-chirurgical. « Depuis un peu plus de dix ans, j’utilise le monoï dans le protocole que j’applique à mes patients. Avant un soin de médecine chirurgicale, telle qu’une microdermabrasion, une mésothérapie, une injection de comblements des rides ou un mésolift, je leur conseille de préparer la peau avec un exfoliant au monoï. Après le soin médical esthétique, je leur applique du monoï pur ou associé à d’autres plantes. Par exemple, le monoï et le tamanu, un arbre tropical, ont une action cicatrisante et anti-infectieuse décuplée. Le monoï permet une régénérescence cutanée et cellulaire, une tonicité accrue. J’ai pu constater sur mes patients une meilleure cicatrisation lors d’une microdermabrasion par exemple. Le monoï complète les soins de médecine esthétique par son action anti-inflammatoire. Et il n’est pas comédogène, ce qui lui confère un atout supplémentaire. »