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Rien ne prédestinait cette chaise à investir les salons les plus «design» de notre époque. Cette année, la Chaise A de Tolix fête ses 80 ans de bons et loyaux services. Pour cet anniversaire, 8 artistes ont revisité ce symbole ultramoderne du mobilier industriel. Pourtant, la Chaise A et l’entreprise Tolix reviennent de loin. Retour sur une saga 100% Made In France…

NAISSANCE D’UNE ICÔNE 100% MADE IN FRANCE

L’histoire oublie bien souvent que la Chaise A de Tolix n’est pas le seul objet sorti des usines de Tolix. Tout débute en 1908, date à laquelle Xavier Pauchard, jeune plombier-zingueur, créé une entreprise à Autun en Bourgogne. Tolix n’est pas encore officiellement né, la Chaise A de Tolix non plus mais le savoir-faire et la signature de la future maison sont déjà là. Au départ, arrosoirs, baquets, baignoires en tôle galvanisée (un bain de zinc fluide de 450 °C) sortent de cet atelier de chaudronnerie. Mais très rapidement, Xavier Pauchard – véritable visionnaire et entrepreneur inventif – se met à fabriquer des objets destinés à la collectivité ou à l’univers professionnel : chaises, tabourets, guéridons puis des fauteuils et des meubles métalliques… Succès immédiat. La marque Tolix, fabriquant « chaises, fauteuils, tabourets et autres meubles de métal », aurait été déposée en 1927. Quant à la Chaise A de Tolix « La date exacte de [sa] création reste aujourd’hui encore une grande inconnue. » explique Brigitte Durieux, journaliste et auteure spécialisée dans le mobilier industriel. Antirouille, solide et d’une longévité incroyable, la Chaise A de Tolix mènera une véritable vie d’aventurière. À partir de 1935, dans les coursives du paquebot Normandie, elle résiste à tous les embruns. Le début de sa notoriété. En 1937, on la retrouve dans les allées de l’Exposition Internationale des Arts et Techniques. Et dès la fin des années 1950, l’entreprise Tolix qui compte plus de 80 ouvriers, produit plus de 60000 Chaises A. Dans les années 1960, Tolix meublera de nombreuses chambres universitaires dans les campus de France. De nombreux modèles sortent des machines : Table G60, armoire métallique “recto verso”, fauteuil A56, tabouret H45… Dont certains sont de nouveau réédités comme le guéridon La Mouette.

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LA RENAISSANCE DE L’ENTREPRISE TOLIX

Dans les années 2000, l’usine se modernise et de nouvelles machines permettent de produire les meubles. Mais crise oblige, la société sur le point de fermer est finalement rachetée par Chantal Andriot en 2004, auparavant directrice financière de l’entreprise. Ce rachat va donner un sérieux coup de poussière sur l’entreprise. Chantal, en prenant les rênes de l’entreprise, s’entoure également des designers Jean-François Dingjian et Eloi Chafaï de Normal Studio, pour continuer à produire des meubles fonctionnels au caractère authentique et original. La maîtrise de la matière et le savoir-faire complexe sont toujours les mêmes : le métal est dégraissé, décapé, rincé puis travaillé. Arrondis, bosselages, creux, pliages et galvanisation sont les étapes pour faire d’un bout de métal un objet design. Les couleurs explosent et donne un sérieux coup de jeune aux incontournables du catalogue dont la Chaise A de Tolix. En 2006, consécration ultime, l’entreprise reçoit le label « Entreprise du patrimoine vivant ».

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DE L’OBJET UTILE ET FONCTIONNEL À L’ŒUVRE D’ART

Synonyme d’art de vivre et d’esthétique populaire, la Chaise A de Tolix – rentrée depuis sa date de création dans des musées comme le Centre Pompidou ou encore le MoMa à New-York, ce qui confère à son créateur un véritable statut de designer industriel – connaît un fort regain d’intérêt depuis les années 1990. Si avant, les chineurs en trouvaient à moins de 5€ sur les brocantes, aujourd’hui sa valeur a littéralement explosé. Elle est devenue une véritable icône de l’esthétisme industriel dès 1995, notamment grâce à Sundance, le site de la maison mis en ligne par Robert Redford et DWR. Les américains en sont fous. Chaque année, 20000 Chaises A de Tolix prennent la route des USA. Pour fêter le renouveau de l’entreprise Tolix et l’anniversaire de la Chaise A, Chantal Andriot et Kilian Schindler, designer et nouveau directeur artistique de Tolix, ont fait appel à 8 designers pour interpréter leur vision de ce fleuron du design industriel. Ces œuvres ont d’abord été dévoilées à Milan pour l’exposition Face To Face With An Icon puis durant le mois de septembre dans la boutique de déco parisienne Persona Grata, dont la sélection pointue ne tourne qu’autour du meuble industriel. Cette exposition itinérante fera le tour du monde. Nul doute qu’avec ce succès, la Chaise A et Tolix aient encore de nombreuses années à vivre.

Persona Grata, 71, boulevard de Sébastopol 75002 Paris. Tél. : 01 42 33 15 15. mail : info@persona-grata.com. www.persona-grata.com.

Objets cultes du mobilier industriel de Brigitte Durieux, avec la contribution d’Élodie Palasse-Leroux. Photographies de Laziz Hamani. Éditions de La Martinière. 240 pages. 40€. ISBN-13: 978-2732443027.

Inoxydable Tolix de Brigitte Durieux. Éditions de La Martinière. 160 pages. 36,50€. ISBN-13: 978-2732435664.

Copyright des photos : Fabian Frinzel