© Jean-Pierre Alonzo

Franco-camerounais approchant de la quarantaine, Ludovic Michel Kamgué a su en quelques années se faire une réputation à la hauteur de son travail. Véritable ambassadeur de l’élégance masculine, il est aujourd’hui en passe de devenir incontournable dans cet univers de distinction et de raffinement. Itinéraire.

Gentleman, cordial, un brin timide mais totalement businessman, Ludovic était prédestiné à suivre la voix toute tracée du textile et de l’habillement. Et pour cause ! Une maman, ancienne d’Esmod, qui de retour au pays natal, le Cameroun, dirigea un important atelier de confection. Un frère qui suivit, sans se chercher, les traces de leur tendre génitrice. Pourtant Ludovic rêvait de faire carrière dans le sport. Pratiquant le foot, le handball et le tennis, ses parents s’opposèrent à cette aléatoire et chaotique carrière sportive. Après un bac D, il s’inscrit en pharmacie. Cours qu’il ne suivra jamais. En effet, sa mère de passage à Troyes se laisse convaincre par une connaissance du bien fondé de la filière textile. Ludovic adhère. Les études sont plus courtes que celles de médecine ! Il intègre donc un BTS en industrie de l’habillement et poursuit par l’ESIV, École Supérieure des Industries du Vêtement. Il en ressort avec un diplôme d’ingénieur textile flambant neuf.

Des débuts prometteurs

Maman préfère habiller les femmes. Son frère également. Ludovic choisit de dédier sa passion à l’élégance masculine. Il fait ses premières armes, entre autres, dans le secteur de la fabrication textile de la Socami. Une entreprise qui fabrique pour quelques grandes maisons de renom : Christian Dior, Devernois, Thierry Mugler, Georges Rech… Sur le point de partir vivre définitivement au Cameroun, il essaye un coup de poker, qui deviendra un coup de maître. En effet après avoir dessiné et fait fabriquer des chemises par des façonniers, il organise des ventes dans des lieux huppés de la Capitale française. De CE en ventes privées, la suite logique est d’ouvrir un show-room. Le surplus de ses chemises, il les vend au Cameroun où il se rend régulièrement. Succès immédiat jamais démenti. Succès qui lui donne des ailes pour fonder sa propre affaire.

Naissance de la marque

En 1999 il crée sa société et la première boutique Stradel’s voit le jour. Rue du Champs de Mars, à Paris, tout d’abord. Puis la boutique déménage avenue Bosquet, une artère plus commercante. Suivront les boutiques de Yaoundé et de Douala au Cameroun. Et une quatrième boutique à la Madeleine, à Paris. De fil en aiguille Ludovic a su se construire une clientèle classique mais exigeante. Pour cette clientèle composée en grande partie de banquiers, financiers, avocats ou personnalités de la télé, il n’hésite pas à sortir le mètre et les aiguilles, se mettre un genou à terre, pour prendre des mesures, se relever pour piquer ici et là. Son arme est le sur mesure dit « tradionnel » : les finitions sont faites machines sans thermocollage pour les faces avant du costume. Chaque client choisit parmi 5000 références de tissus griffés Holland & Sherry, Zenia, Loro Piana, Cerruti…

Le goût du luxe

Ludovic en maître incontesté de l’élégance considère le raffinement comme le petit plus invisible qui ait le don de faire d’un costume gris ou noir, une parure de la distinction. Le petit plus invisible est parfois cette petite touche de fantaisie que Ludovic rajoute à ses costumes. De la couleur dans une doublure ou sur cravate pour réveiller légèrement l’ensemble un peu sombre. Des petites fleurs brodées sur une chemise à rayures pour les plus extravertis. Des boutons de manchettes pour égailler une chemise. De l’originalité, oui mais toujours sobre ! Cet esthète considère le raffinement comme une chose totalement personnelle et à la limite du confidentiel. Chaque homme peut sourire et se sentir bien dans un costume dont lui seul connaît le petit détail subtil. Créer son entreprise n’est pas chose simple et malgré des obstacles qui accompagnent toujours l’élaboration d’une entreprise –la recherche de finances et la crédibilisation aux yeux des fournisseurs et autres- Ludovic est aujourd’hui un chef d’entreprise comblé. Son affaire est florissante et peut servir d’exemple aux jeunes qui souhaiteraient se lancer eux aussi dans ce genre d’entreprise. Citoyen du monde Ludovic se plait à dire que le travail et l’acharnement servent toujours la cause de ceux pour lesquels le travail ne fait pas peur. En tout cas son entreprise, elle, ne connaît pas la crise !