Pour la première fois en Métropole, une exposition entièrement consacrée à Wallis se tient actuellement au Musée des Beaux-Arts de Chartres. Uvea-Wallis : une île pêchée par les dieux… permet
de découvrir les us et coutumes de cette île si méconnue.

Instigatrice de cette exposition, Hélène Guiot nous explique qu’à l’origine de ce projet, il y avait une volonté de monter un projet sur l’art océanien dans ce musée qui possède déjà une collection de ce type, laquelle a été léguée en 1970 par Emma quille, femme de Louis Joseph Bouge qui fut gouverneur de Wallis en 1911. Cet homme fut très intéressé par toutes les cultures océaniennes et indigènes. Lors de ses différentes escales, il avait alors commencé à rassembler et constituer une collection dans un but ethnologique. De ses recherches, il ne reste à l’heure actuelle qu’une trentaine de pièces, accompagnées d’une documentation faite d’archives, d’ouvrages et de véritables notes de terrain sur l’île de Wallis.

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Tablier ornemental au décor typiquement futunien.

DIFFICULTÉ DE DATER ET DE DÉFINIR LA PROVENANCE EXACTE

La mise en place de cette exposition fut difficile car excepté les tapas, il est extrêmement compliqué et ardu de reconnaître les objets wallisiens très anciens quand leur provenance n’est pas explicitement mentionnée. Ces objets sont effectivement d’une rareté due à plusieurs faits. D’une part les conditions souvent désastreuses de conservations, des pièces recueillies, liées entre autre à la désaffection pour ce type d’objets depuis la colonisation. En effet jusqu’à leur entrée au musée du Louvre, par exemple, la question a toujours été de savoir si ces objets étaient des objets d’art ou d’artisanat? D’autre part, la dispersion, voire l’absence de documentation les concernant, ce qui a rendu difficile, voire même impossible la reconstitution du parcours suivi par un objet. Car il est à noter qu’en Polynésie occidentale, le lieu de collecte ou de découverte d’un objet n’est pas le lieu de production, et que certains de ces objets ont été exporté puis copié ailleurs jusqu’à perdre la trace de leur lieu d’origine. La lecture des inventaires révèle souvent des difficultés à définir la provenance exacte des pièces de Polynésie occidentale. Si l’histoire d’une pièce est inconnue, assez souvent, on ne peut au seul examen de ses caractéristiques stylistiques lui attribuer une origine de production. On estime ainsi que le corpus des objets wallisiens sera, dans les années à venir, plus difficile à établir que celui des Marquises, par exemple.

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Rebecca Hoatau, une étudiante aux Arts Plastiques de St Etienne, d’origine wallisienne, a tenu à visiter cette première exposition sur Wallis.

UNE EXPOSITION ARTICULÉE EN TROIS PARTIES

La première partie situe Wallis dans un contexte géoculturel. C’est pourquoi cette salle comporte des objets de Wallis comme des différentes îles aux alentours : Futuna, Fidji, Tonga, Samoa… L’objectif des organisateurs ayant été de montrer une partie de la Polynésie, d’une manière différente de celle des cartes postales. Ces différents espaces montrent donc à quel point les polynésiens ont été des navigateurs et ont échangé des matières premières entre îles. La deuxième partie de l’exposition explique l’histoire et la préhistoire de Wallis. Echelle chronologique, photographies, herminettes ou maquettes de pirogues sont exposés afin de cercler l’identité wallisienne qui a longtemps été colonie tongienne. De cette influence, il y a eut la construction de forts sur Wallis (fort de Kolonui par exemple) à l’image de ceux « inventés » par les tongiens. Cette deuxième partie montre aussi au visiteur les contacts entre les Européens et les Wallisiens, l’arrivée des missionnaires, des ouvrages édités en wallisien…

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Collecté à Futuna entre 1893 et 1894, ce tablier ornemental, dont la partie supérieure est dentelée, tandis que sur le panneau central prédomine le motif en escalier « à la manière de Fidji ». Sur le fond naturel, ont été dessiné à main levée de fins quadrillages. Les deux côtés et la partie inférieure sont frangés et teintés en brun-rouge. Le revers est entièrement travaillé à la matrice.

L’IMPORTANCE DU ROI DANS LA SOCIÉTÉ WALLISIENNE

La troisième partie nous présente la culture matérielle de Wallis avec tous les aspects que celle-ci comporte : la fabrication du tapa, la guerre, les jeux et les danses, les vêtements et les parures, la pêche et bien entendu tout ce qui concerne la cérémonie du Kava. Un film, tourné par RFO il y a deux ans, clôture la visite en expliquant à ceux que cela intéresse, l’importance divine que possède le roi de Wallis pour ses sujets. Tout ce qui semble être des coutumes, avec tout ce que cela peut avoir de péjoratif pour un occidental, est en fait la continuité d’une vie ancestrale. « S’il n’y avait pas de calendriers occidentaux, les wallisiens ne sauraient pas que l’on a changé de siècle » explique un wallisien. Le roi a gardé une grande importance dans son royaume, en particulier pour le règlement de problèmes fonciers entre wallisiens. Mais les mentalités changent et la nouvelle génération semble penser que le roi n’a qu’un rôle symbolique. Cette exposition est une grande première en France qui sera suivie par d’autres grandes expositions en 2001, jusqu’à l’ouverture du Musée des Arts et des Civilisations du quai Branly prévue en 2004. Il existe pour l’instant des salles d’ arts océaniens dans une dizaine de musées métropolitains mais le succès remporté par ce type d’exposition laisse augurer une augmentation des acquisitions des nombreux autres musées n’ayant pas leur collection d’arts océaniens.

Par Maeva Destombes

Tablier ornemental au décor typiquement futunien.

Tablier ornemental au décor typiquement futunien.

Tablier ornemental au décor typiquement futunien.

Tablier ornemental au décor typiquement futunien.

Collecté à Futuna entre 1893 et 1894, ce tablier ornemental, dont la partie supérieure est dentelée, tandis que sur le panneau central prédomine le motif en escalier « à la manière de Fidji ». Sur le fond naturel, ont été dessiné à main levée de fins quadrillages. Les deux côtés et la partie inférieure sont frangés et teintés en brun-rouge. Le revers est entièrement travaillé à la matrice.

Collecté à Futuna entre 1893 et 1894, ce tablier ornemental, dont la partie supérieure est dentelée, tandis que sur le panneau central prédomine le motif en escalier « à la manière de Fidji ». Sur le fond naturel, ont été dessiné à main levée de fins quadrillages. Les deux côtés et la partie inférieure sont frangés et teintés en brun-rouge. Le revers est entièrement travaillé à la matrice.

Tablier ornemental au panneau central brun sombre, enduit par-dessus une matrice ou une natte qui a laissé quelques traces, malgré l'épaisseur du colorant. Des réserves blanches, en diagonales, sont ornées de fins croisillons. Les bandes du bas et des côtés reprennent les motifs caractéristiques de Futuna (damiers, hachures, pointillés).

Tablier ornemental au panneau central brun sombre, enduit par-dessus une matrice ou une natte qui a laissé quelques traces, malgré l’épaisseur du colorant. Des réserves blanches, en diagonales, sont ornées de fins croisillons. Les bandes du bas et des côtés reprennent les motifs caractéristiques de Futuna (damiers, hachures, pointillés).