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Cette année, la Pâque orthodoxe se fêtera le dimanche 5 mai. Une belle occasion de découvrir une culture et un folklore hauts en couleurs, de goûter au borshch aux betteraves rouges et d’appréhender dans toute sa beauté ce géant resté longtemps inaccessible.

La diaspora russe en France

Arrivés par vagues successives, les Russes vivant en France ont fui le froid et sont installés principalement en Région parisienne et dans le Sud de la France, en particulier sur la Côte d’Azur, que certains considèrent comme la Crimée provençale. Attirés par les libertés d’expression et de mœurs françaises comme par le patrimoine architectural, les migrants russes ont commencé à se déplacer vers nos contrées au XVIIIe siècle. Renforcée par la découverte de la France par les soldats de l’armée russe suite aux campagnes napoléoniennes du début du XIXème, la migration s’est poursuivie au fil des siècles, suite notamment la Révolution de 1917 et la Seconde Guerre Mondiale. Aujourd’hui, les jeunes générations, en particuliers les étudiants en sciences ainsi que les artistes, contribuent beaucoup aux échanges et à la création de liens solides entre les deux nations… y compris culinairement !

Une tradition culinaire aux couleurs pures

La création des liens et l’apprentissage de l’autre, ça se passe aussi et surtout… dans la cuisine ! En important leur culture en France, les immigrés russes n’ont pas oublié d’apporter avec eux leurs recettes les plus typiques et on s’en réjouit. La cuisine russe, adaptée aux grands froids, fait souvent primer la quantité sur la qualité, du moins n’y trouvera t-on que peu de mets très raffinés ou de luxe. Pour les russes, la cuisine est avant tout un moyen de réchauffer les cœurs et colorer les assiettes : rouge comme le borshch, cette soupe consistante à base de betterave, de chou et d’ail, doré comme les jolis pirojki, petites bouchées de pâte roulée farcies qui se déclinent de mille façons – carrés ou ronds, sucrés ou salés, au four ou à la poêle- noir comme le caviar ou vert comme le chtchi, une épaisse soupe au chou souvent accompagnée de champignons, de viande ou de poisson.

Des boissons qui ont traversé le temps

Par ailleurs, et sans vouloir pousser au vice, goûter un petit verre de vodka fait partie de la tradition moscovite depuis 1533 ! Boisson alcoolisée composée d’eau déminéralisée et d’éthanol distillés, on la parfume parfois avec des fruits tels la fraise ou la cerise, ou avec des épices (piments) avant de la filtrer sur des filtres à charbon de bois afin de la purifier. Généralement titrée à 40 degrés dans le commerce, elle peut atteindre les 97 degrés dans les productions artisanales selon le dosage et les choix des producteurs ! Afin de trinquer sans complexer, les Russes ont également l’habitude de consommer une boisson appelée kvas, ou « khlebnoe pivo », et qui signifie tout simplement « bière de pain ». Il s’agit d’un breuvage faiblement alcoolisé à base d’eau, de sucre, de menthe et de raisins secs et dans lequel on fait fermenter du pain de seigle avec un peu de levure. Bon marché, facile à préparer et nourrissante, cette boisson qui date du Moyen-âge fait partie de la tradition culinaire russe depuis plusieurs siècles. Si avec tout cela le froid et la morosité ne vous quittent pas, faites chauffer un samovar de thé !

La Pâque Russe : fête des œufs sous toutes leurs formes !

Fête des fêtes pour les chrétiens orthodoxes qui lui accordent plus d’importance qu’à Noël, la Pâque russe se célèbre généralement un peu plus tard qu’en Occident, puisqu’elle se fixe à partir du calendrier julien et non du calendrier grégorien. On la fêtera cette année le dimanche 5 mai. Plus qu’une simple cérémonie religieuse qui célèbre la résurrection du Christ, il s’agit d’une tradition séculaire associée à la croyance, à l’amour et à l’espoir et qui vient mettre fin à une période de cinq semaines de carême. Pour l’occasion, chaque famille peint de mille couleurs des œufs qu’elle apportera à l’église lors de la veillée, et prépare avec ferveur les recettes traditionnelles de la pashka au fromage blanc qui accompagne généralement le kulich, gâteau parfumé au rhum et au safran dont la fabrication ressemble davantage à celle d’un pain. Riches en œufs et en fromage blanc, symboles de l’abondance retrouvée après le carême, il est également de coutume d’apporter ces gâteaux à l’église afin de le partager au cours de la messe du dimanche de Pâques. Si la gourmandise vous en dit, kulich et pashka peuvent aussi se préparer à la maison avec un peu de patience et d’application !

Par Mélanie Congretel