À 100 kilomètres de Paris, dans le Musée des Beaux-Arts de Chartres, au détour d’un couloir, les visiteurs peuvent découvrir quelques joyaux du pacifique. Une visite hors des sentiers battus des hauts lieux de la culture parisienne qui vaut son pesant d’or.

LA CATHÉDRALE, UN CHEF D’ŒUVRE DE L’ART MÉDIÉVAL

En métropole, tout le monde connaît la cathédrale de chartres, Notre Dame de Chartres. Cet édifice gothique du XIIIème siècle fut construit immédiatement après l’incendie de 1194 qui ravagea la cathédrale romane du XIème siècle. Un magnifique bâtiment où l’œil du visiteur ne peut que s’émerveiller à la vue des arcs-boutants et des vitraux. La cathédrale de Chartres possède en effet le plus important ensemble vitré du XIIIème siècle, remarquablement préservé jusqu’à ce jour, et dont certains datent du XIIème siècle. Le musée des beaux-arts est situé à quelques mètres de ce chef d’œuvre de l’art médiéval. En août dernier cet établissement, méconnu comme beaucoup d’autres en province, avait réussi à se faire connaître grâce à une exposition liée à la pataphysique (science des solutions imaginaires) que l’écrivain Boris Vian adorait.

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La collection de chartres comprend de rares représentations de tatouages ou d’élément de parures laissées par l’amiral de Jonquières et le dessinateur Goupil. Un homme et une femme.

UNE COLLECTION D’ART OCÉANIEN AU SOUS-SOL

Mais au hasard de leur visite les visiteurs peuvent découvrir, parmi les collections moins « prestigieuses » que celles des musées surpeuplés de la capitale, une collection très particulière dans ce musée de province. Nichée au sous-sol du bâtiment, une salle entière consacrée aux arts océaniens. Cette fabuleuse collection fut léguée par Emma Quille, dont le mari Louis Joseph Bouge fut gouverneur des colonies, plus particulièrement à Wallis en 1911, et qui fit également escale dans plusieurs îles du Pacifique dont Tahiti. Cet ensemble comprend de rares représentations de tatouages ou d’ornements vestimentaires laissées par l’amiral de Jonquières et le dessinateur Goupil, mais aussi plusieurs dizaines d’objets à la fois anciens et d’une fabrication minutieuse.

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Un tapa en liber de l’écorce de mûrier venant de Hawaii.

UNE MULTITUDE D’OBJETS DE LA VIE QUOTIDIENNE

On y trouve ainsi des parures de têtes, des ornements d’oreille d’homme ou de femme, des ornements de poignet, des colliers, des plumets, des bâtons de chef, des bistouris à tatouer, des manches d’éventails, des massues, des hameçons, des tikis, des tapas, des boites à plumes, des pilon à popoi, des battoirs à tapa, des matrice à imprimer le tapa, des plats, des racloirs, des couteaux à fendre le uru, des lames d’herminettes, des peignes, des pierres magiques, des pendentifs, des assommoirs à cochon. Ces objets venant aussi bien de Tahiti que des Marquises, des Vanuatu, des îles Banks, de Nouvelle Calédonie ou de Nouvelle Zélande, de Wallis ou de Futuna… Et que dire de l’éventail absolument impressionnant des matières nobles utilisées : basalte, pierres volcaniques, bois de toa, écailles de tortue, dents de dauphin, de requin ou de cachalot, fibres de bourre de coco, porcelaines de traite, cheveux, perles de verre, coquillages, bambous, nervures de foliole de palme de cocotier, corail, plumes de coq… Le visiteur qui ne pensait alors que parcourir un simple musée de province s’aperçoit que celui-ci recèle un fabuleux trésor d’une valeur inestimable.

Par Maeva Destombes

Photo d’ouverture : Représentations de tatouages laissées par l’amiral de Jonquières et le dessinateur Goupil.