conference-aquaculture-perliculture-peche-thon-obese-perles-noires-polynesie-oceanie-tahiti-copyright-maeva-destombes-_MG_2465

Tous les jours et cela jusqu’à la fin de l’exposition « Recherche et Outre-Mer » c’est-à-dire en avril 2001, de grands chercheurs et scientifiques donneront des conférences destinés à un large public.

LA RECHERCHE POUR AMÉLIORER LES TECHNIQUES DE PÊCHE

Pendant la conférence dont le plan comportait deux parties principales, Jean-Michel Griessinger de l’Ifremer (organisme de recherche spécialisé dans les ressources halieutiques et l’aquaculture), a expliqué les détails d’une pêche thonière. L’initiative de cette pêche est due au territoire au début des années 90. L’IRD et l’Ifremer ont donc effectué des recherches pour déterminer la répartition des poissons dans la tranche d’eau de la surface vers le fond et connaître à quelle profondeur exacte il fallait immerger l’hameçon et l’appât pour cibler des espèces de poissons intéressantes à l’exportation (thon obèse par exemple). La répartition dans l’espace de la nourriture (micronecton) des thons a pu être évaluée à l’aide de techniques acoustiques (écho-intégration) et d’échantillonnages au chalut pélagique. L’examen des contenus stomacaux des thons capturés est venu compléter ces observations. Le comportement des poissons a été étudié par marquage acoustique (comportement individuel) ainsi que par écho-intégration (comportement de groupe) autour de dispositifs de concentration de poissons (objets flottants sous lesquels se rassemblent les poissons). La recherche permet donc d’améliorer et mettre au point ces techniques de pêche et fournit des informations précises pour un aménagement des pêcheries thonières en Polynésie française.

conference-aquaculture-perliculture-peche-thon-obese-perles-noires-polynesie-oceanie-tahiti-copyright-maeva-destombes-P1040645

La perle de Tahiti dite perle noire possède une grande variété de formes et de couleurs.

LA PERLICULTURE, PARFAIT EXEMPLE D’APPLICATION DE LA RECHERCHE EN OUTREMER

L’aquaculture représente le deuxième volet de la conférence avec comme spécification la perliculture. Expliquant la technique de greffe jusqu’à l’obtention de la perle. Le moins connu étant son passage sur la reproduction des nacres. Une huître bivalve émet ses gamètes en pleine eau. Ces larves pélagiques ou planctoniques ont une vie de 3 semaines puis elles se fixent pour devenir des nacres et ensuite grossir. Au moment de leur fixation, les aquaculteurs mettent dans l’eau des poches plastifiées sur lesquelles les larves vont venir se fixer. On appelle ces poches des collecteurs. Au bout de 10 mois, on récolte les nacres en grappe. L’aquaculteur les détache les unes des autres pour enfin les greffer. Le nucléus – fabriqué avec des coquillages du Mississipi – est alors implanté dans la nacre. Celle-ci, ayant un corps étranger en elle, va sécréter de la nacre autour du nucléus. Elles sont remises à l’eau sous forme de chapelet (sur un filet les nacres sont alignées et espacées de façon régulière) durant 18 mois. Une fois les perles récoltées, les nacres qui ne peuvent être réutilisées sont alors vendues aux coréens pour qu’ils fabriquent des boutons ou de la marqueterie. La recherche accompagne énormément ce développement. 9 tonnes de perles sont aujourd’hui récoltées, ce qui engendre 1 milliards de francs de chiffre d’affaires et place cette activité en deuxième position sur un plan économique.

conference-aquaculture-perliculture-peche-thon-obese-perles-noires-polynesie-oceanie-tahiti-copyright-maeva-destombes-_MG_2457

LE DÉVELOPPEMENT DE LA PERLICULTURE AUX TUAMOTU

Incidence sociale également : les habitants des Tuamotu qui n’avaient de travail auparavant allaient en chercher à Tahiti mais depuis le développement de cette activité dans les Tuamotu, les habitants y restent et ceux qui étaient partis y reviennent. Les premiers travaux de perliculture ont été réalisé en 1962 par un vétérinaire de Papeete qui s’est inspiré à l’époque de ce que faisait les japonais pour la perle blanche. Il a fait venir un greffeur japonais, car à l’époque il n’y a qu’eux qui connaissaient la greffe de perle, pour greffer quelques nacres. Il a constaté que cette technique fonctionnait très bien. Par la suite quelques privés se sont lancés dans l’aventure de la perle noire. Parmi toutes les nacres greffées, 20% donnent une perle et 2 ou 3% de ces 20% donnent une perle plus que correcte. On assiste actuellement à une amélioration de la qualité des perles. Le marché est estimé peu porteur sur la qualité de perles médiocre mais reste très porteur sur une qualité supérieure, cependant la qualité médiocre a malheureusement tendance à tirer le prix de la perle vers le bas. Une équipe de chercheurs a travaillé durant 4 ans sur la nacre, car au départ on ne connaissait que très peu de chose sur elle (ce qu’elle mangeait, à quelle époque elle se reproduisait, ses ressources énergétiques…) et le lagon. Car impossible de mettre trop de nacres dans un même lagon : elles épuiseraient trop les ressources du lagon et n’aurait plus rien à manger.

conference-aquaculture-perliculture-peche-thon-obese-perles-noires-polynesie-oceanie-tahiti-copyright-maeva-destombes-P1030688

LES PAYS D’OUTREMER, VÉRITABLES LABORATOIRES EXPÉRIMENTAUX

Pourquoi exercer sa profession en Outre-Mer ? « J’ai travaillé de nombreuses années en Outremer. Il est passionnant de travailler sur des recherches en cours de développement en Polynésie Française. Pour nous chercheurs, nos travaux sont directement valorisables pour le développement économique des territoires d’Outremer. Ces pays représentent des laboratoires expérimentaux extrêmement intéressants où se retrouve concentrés sur des espaces relativement restreints une quantité d’informations très importantes qui nous permettent de comprendre des phénomènes et de développer des modèles relativement précis » a expliqué Jean-Michel Griessinger. Faisant parti de l’équipe à l’ouverture de Vairao en 1972, il a ensuite été directeur de ce centre puis chargé de mission auprès du PDG de l’Ifremer pour l’Outre-Mer et est à l’heure actuelle gestionnaire de la recherche de ce même organisme. Ce chercheur a cité en exemple la réussite polynésienne dans le domaine de la pêche thonière et celui de la perliculture.

Copyright : Maeva Destombes