Situé en plein cœur du bassin minier, le Centre Historique Minier de Lewarde est installé sur le carreau de l’ancienne fosse Delloye. Retraçant l’histoire et les heures de gloire de l’industrie charbonnière, il attire chaque année près de 150000 visiteurs.

Au Sud de Lille, le Centre Historique Minier de Lewarde, qui totalise une superficie de 8000 mètres carré de bâtiments industriels sur 8 hectares, près de Douai dans le Nord, est classé monument historique depuis 2009. Installé sur la parcelle de terrain de l’ancienne fosse Delloye, Il est aussi site remarquable du bassin minier inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2012. Véritable témoignage de l’activité minière dans le Nord pas de Calais, chaque année plus de 150000 visiteurs – dont 60% des Hauts-de-France – s’y pressent pour tout découvrir sur la vie des mineurs. Il a également obtenu le trophée national EDF du Tourisme Industriel et Technique.

L’HISTOIRE DU CHARBON DANS LE NORD-PAS-DE-CALAIS

Le 21 décembre 1990, c’est le clap de fin pour les houillères du bassin du Nord et du Pas-de-Calais. Le dernier puits d’extraction du charbon ferme ses portes mettant ainsi fin à trois siècles d’histoire et d’exploitation minière dans la région. L’année 2019 célèbre le centenaire des accords Franco-Polonais qui ont fixé en 1919 le cadre de l’arrivée massive de travailleurs polonais en France notamment dans les mines du bassin du Nord du Pas-de-Calais. Ces accords font suite à la Première Guerre mondiale qui a laissé la France dans un état désastreux. Les installations sont détruites et la main d’œuvre décimée. 200000 immigrés – dont des Polonais, Italiens et Tchécoslovaques – arrivent à cette époque pour travailler dans le bassin minier. De nombreuses autres nationalités leur emboîtent le pas. Au total 24 nationalités se côtoient au quotidien pour fuir la misère de leur pays, à la recherche d’une vie meilleure, avec pour beaucoup l’intention de retourner un jour chez eux.
Mais l’exploitation minière dans le nord de la France est beaucoup plus ancienne. Elle commence dès 1716. Après une vingtaine d’années de laborieux forages, Jacques Desandrouin découvre à Anzin, le 24 juin 1734, une importante veine de charbon gras d’excellente qualité. La ligne des forages suivra ensuite un axe allant d’Est en Ouest, du Nord au Pas-de-Calais couvrant 1/12 de la superficie totale du Nord-Pas-de-Calais. Deux milliards de tonnes de charbon ont été extraits de ce bassin minier. La plus forte activité avec 200000 personnes employées à l’extraction se situe globalement entre 1930 et 1960. Dans cette région, le charbon a sculpté des paysages uniques d’où s’élèvent de petites montagnes noires, les terrils.

UNE FOSSE DEVENUE CENTRE HISTORIQUE MINIER

La fosse Delloye de l’ancienne compagnie des mines d’Aniche a exploité le charbon de 1931 à 1971. Période durant laquelle 1000 personnes travaillaient sur le site et extrayaient plus de 1000 tonnes de charbon par jour. Lors de sa fermeture la direction des houillères du bassin du Nord et du Pas-de-Calais était persuadée de l’importance de la création d’un Centre Historique Minier. Le but ? Témoigner aux générations suivantes d’une activité minière, industrielle et sociale sur trois siècles dans le bassin minier. Le projet est validé en 1973. Les mines fermant les unes après les autres, elles expédient au Centre Historique Minier matériels et documents pour enrichir son fond. Le centre ouvre officiellement au public en mai 1984 et s’articule autour de trois structures complémentaires : un musée de la mine, un centre de culture scientifique de l’énergie et un centre d’archives et de ressources documentaires aujourd’hui riche de 2,5km d’archives minières, 7000 ouvrages, 500 films, 500000 photographies. Le musée possède quant à lui une collection de 15000 objets. Au fil des salles, se dévoilent la vie des femmes au cœur de la cité minière qu’elles soient épouses de mineurs ou employées à la mine en tant que lampistes ou cafus (au triage ou au chargement des péniches), l’évolution de l’habitat des ouvriers (corons, cités pavillonnaires, cités-jardins et cités modernes) et des ingénieurs et directeurs de mines, l’organisation des vestiaires et bains-douches ou salle des pendus…

UN NOMBRE CROISSANT DE VISITEURS

Le nombre de visiteurs du Centre Historique Minier de Lewarde n’a cessé de croître dépassant les 100000 visiteurs à partir de 1988. Le film de Claude Berri germinal qui sort sur les écrans en 1993 accroît l’intérêt des visiteurs pour le monde de la mine et la vie dans les corons. Au fil des ans, le Centre Minier Historique s’agrandit et s’enrichit de nouveaux bâtiments, d’expositions permanentes ponctuées d’expositions temporaires (Entre-deux, l’immigration dans le Bassin minier du Nord-Pas de Calais du 2 septembre au 31 décembre 2019 ; 1720 : une découverte au cœur des révolutions industrielles du 3 février au 20 septembre 2020) au caractère historique, scientifique ou artistique permettant d’approfondir des thématiques directement liées à la culture minière comme le statut social des mineurs, l’immigration, l’évolution des paysages, la santé. De nombreux événements sont montés dans le but d’attirer au musée un public éloigné de la Culture.

PARCOURIR LES ENTRAILLES D’UNE MINE

Mais l’une des attractions les plus étonnantes reste la visite guidée des 450 mètres de galeries reconstituées inaugurées en 1987. En compagnie d’un médiateur culturel, le public plonge, grâce à un ascenseur qui crée l’illusion d’une descente à 1200 mètres sous terre, dans les entrailles d’une mine reconstituée à l’identique pour revivre le quotidien des mineurs de fond. Une chaleur infernale aurait apporté une touche finale non négligeable. Pour approfondir ses connaissances, à différents horaires au cours de la journée, quatre anciens mineurs viennent à la rencontre du public et expliquent leur ancien métier. Aujourd’hui à la retraite, Joël Pamart, l’un d’eux, se plait à raconter, avec son accent Ch’ti à couper au couteau, ses débuts dans la mine, à l’âge de quinze ans alors qu’il n’était qu’un galibot. Dans son témoignage un brin nostalgique, il livre les difficultés du métier et ses impressions vécues lors de la première descente dans la mine. « Le galibot descend avant de faire sa formation pour savoir s’il supporte d’être au fond de la mine, s’il n’a pas peur. La première fois est déterminante pour l’avenir du mineur. Certains ne redescendent jamais » explique-t-il. Après sa première descente, Joël Pamart avoue avoir vécu une première nuit tourmentée mais en digne fils de mineur, représentant la cinquième génération de mineurs de sa famille, il en a fait son métier durant vingt-deux ans jusqu’à la fermeture de sa mine. Chaleur, bruit infernal des machines, poussière, boue étaient le quotidien des mineurs. Malgré cela, de nombreux jeunes choisissaient ce métier pour ses nombreux avantages : un salaire plus attrayant que dans d’autres corps de métier, une maison, le charbon offert à chaque mineur qui permettait de chauffer sa maison à moindre frais et un suivi de santé pour lui et sa famille. Joël évoque aussi les accidents, les coups de grisou… La solidarité entre mineurs était remarquable. Si un mineur manquait à l’appel, les autres partaient le chercher. « On ne laissera jamais un mineur au fond de la mine » commente Joël. Une autre époque, trois siècles d’histoire, dont chacun doit se souvenir en hommage à ces hommes qui ont permis à la France de s’élever, de s’industrialiser, d’innover…

Joël Pamart, ancien mineur, témoigne régulièrement au Centre Historique Minier de Lewarde.

L’entrée du Centre Historique Minier.

Un ancien billet de dix francs à l’effigie d’un mineur.

Le bureau du comptable de la mine.

Deux blocs de charbon.

Un bloc de charbon.

Les lampes des mineurs. Au premier plan des lampes Arras-Maxei, lampe à benzine de la fin du 19e siècle, et à l’arrière plan des lampes électriques portatives apparue dès la fin du 19e siècle, fabriquée de 1920 à 1940 par l’Auxiliaire des Mines à Douai.

La salle des pendus.

Chaque mineur portait un matricule qu’il gardait jusqu’à la fin de sa carrière.