À la lisière de la petite Camargue, cette ville est surtout connue pour avoir abrité Saint-Louis. La ville possède un riche passé où se mêlent religion et gloire d’un port influent de Méditerranée. Aujourd’hui, ses remparts sont l’une des fortifications les mieux conservées d’Europe et ses salins recèlent de trésors de la nature.

FLÂNER DANS LES RUES D’AIGUES-MORTES

Nichée à l’intérieur des remparts, la cité médiévale d’Aigues-Mortes vue du ciel est d’une surface quasi rectangulaire. Construite à partir de 1240, elle est créée de toute pièce sur un lido marécageux par son architecte Eudes de Montreuil. L’endroit alors habité par des pêcheurs et des sauniers était totalement dépourvu d’urbanisme organisé. Les pierres avec lesquelles la ville fut construite proviennent des carrières de Beaucaire et des baux par voie d’eau. La construction a duré quatre ans. Louis IX y a fait construire la Tour de Constance et un château désormais disparu. En juillet 1244, il s’installe à Aigues-Mortes et part en croisades en 1248 puis en 1270 du port de la ville. Ce dernier restera le plus important du royaume au Sud jusqu’à être détrôné par celui de Marseille en 1481. La ville reste marquée par la présence de ce roi. Son effigie est omniprésente que ce soit sous forme de statue dorée dans l’Église Notre-Dame-des-Sablons où le roi et ses chevaliers reçurent la croix des cardinaux-légats pour la 7e croisade le 25 août 1248 ou sur la place qui porte son nom. Aigues-Mortes était selon la légende, une ville qui permettait à Saint-Louis d’échapper au joug de sa mère Blanche de Castille. Les ruelles alternent maisons aux façades colorées et bars ou restaurants branchés ou très familiaux. Il y a peu de monuments à visiter à Aigues-Mortes hormis l’Église Notre-Dame-des-Sablons, la Chapelle des Pénitents Gris, la Chapelle des Pénitents Blancs, la Chapelle des Capucins et la Tour Carbonnière à l’extérieur de la cité médiévale.

DÉCOUVRIR LES SALINS D’AIGUES-MORTES

Bien avant d’être une cité médiévale, en 791, Aigues-Mortes n’était qu’un hameau dont l’économie se partageait entre récolte de sel et pêche. Les salins remontent à l’époque romaine mais ce n’est qu’à partir de 1856 qu’ils se feront connaître sous le nom de Compagnie des salins du midi. Fruit du travail de l’homme et de la nature, la mécanisation du site a permis une exploitation à plus grande échelle tout en conservant l’esprit d’une activité agricole. Les salins d’Aigues-Mortes s’étendent sur 10800 soit la superficie de Paris ha dont 7000 ha sont consacrés à la circulation de l’eau. Les tables salantes ne représentent que 400 ha. Le site produit quelques 400000 tonnes de sel par an et 400 tonnes de fleur de sel. La meilleure période pour visiter les salins et profiter de la beauté des vols de flamants roses se situe entre mi-juillet et septembre. C’est l’époque où les sauniers ramassent le sel et où les bassins sont d’un rose flamboyant, offrant aux visiteurs un spectacle magique auquel vient s’ajouter l’observation d’une faune exceptionnelle de 200 espèces d’oiseaux dont 157 protégées. La flore n’est pas en reste avec 208 espèces végétales dont 20 sont protégées.
Il existe plusieurs moyens pour cette visite. Le petit train reste le grand classique (10,30€). Lors d’un parcours d’un peu plus d’une heure, il vous arrêtera au pied de la camelle de sel à escalader pour une vue panoramique sur les salins et Aigues-Mortes. Les plus sportifs opteront pour un tour de 3 heures en VTT (29€) accompagnés d’un guide naturaliste ou en vélo en liberté (22€) au gré des envies pour des arrêts. Pour une visite plus experte, partez durant 3h en 4×4 (45€ sur réservation) à la découverte de la biodiversité des salins.

FAIRE LE TOUR DES REMPARTS D’AIGUES-MORTES

L’édification des remparts est souvent attribuée à Saint-Louis. Pourtant ce sont ses successeurs Philippe le Hardi et Philippe Le Bel qui sont à l’origine de cet ouvrage. Pour parcourir tranquillement les 1640 mètres, il faut environ une heure à laquelle s’ajoute la visite de la Tour de Constance durant 15 à 20 minutes. Cette tour d’aspect austère fut achevée en 1248 et est l’unique vestige du château. Pourtant malgré son apparente simplicité, notamment vue de l’extérieur, cet ancien donjon est le fruit d’une architecture ingénieuse et maîtrisée alliant le raffinement des voûtes d’ogives, les colonnettes et les chapiteaux. Elle surplombe la Camargue et de son dernier étage, il est possible de voir les contreforts des Cévennes, les Alpilles et les canaux qui relient Aigues-Mortes à la mer. Ce sont dans ses murs que s’est livré la lutte pour la liberté de la foi. Après l’Edit de Nantes en 1598, la Tour de Constance devient une prison protestante. En raison de sa foi religieuse, Marie Durand, la plus célèbre des prisonnières, y fut enfermée pendant 38 ans de 1730 à 1768. Les tours du chemin de ronde proposent diverses expositions sur la vie de Saint louis, les croisades, l’histoire d’Aigues-Mortes…