Certainement la région la plus méconnue d’Espagne, l’Estrémadure recèle pourtant de nombreuses pépites naturelles et une gastronomie riche et très diversifiée en produits d’exception dont le fameux porc ibérique nourri aux glands de chênes.

Cette belle inconnue tire son nom d’extremo, limite ou frontière en espagnol, et de Duero ou fleuve Douro qui traverse l’Espagne et le Portugal sur 897km. Cette frontière naturelle servit également de frontière politique et religieuse lorsque Castille et Léon étaient des royaumes chrétiens et le sud de l’Espagne dont l’Andalousie, contrôlée par les Maures.
L’Estrémadure, destination espagnole hors des sentiers battus, est une véritable contrée gastronomique avec des produits parfois étonnants comme le paprika de La Vera, les huiles d’olives de Monterrubio et Gata-Hurdes, la cerise du Jerte, le miel de Villuercas-Ibores, le riz (avec 26000 hectares, l’Estrémadure est la première région productrice de riz d’Espagne) mais aussi les vins Ribera del Guadiana, les fromages dont la torta del Casar et les merveilleuses viandes de bœuf, de chevreau, de mouton et de porc ibérique.

LES DEHESAS D’ESTRÉMADURE, UN RELIEF VALLONNÉ ET CONTRASTÉ

Ses paysages, d’une singularité étonnante, offrent une palette de contrastes façonnés par sa situation géographique enclavée entre le Portugal à l’Ouest, Castilla y Léon au Nord, Castilla La Mancha à l’Est et l’envoûtante Andalousie au Sud. Les dehesas qui recouvrent un million d’hectares de terroir à la topologie très vallonnée, abritent plusieurs variétés de chênes (verts, lièges, rouvres) et font de l’Estrémadure une aire d’élevage extensif privilégiée pour les cochons ibériques destinés à devenir le fameux jambon surnommé à tort le pata negra. Car son nom très connu des fins gourmets de l’hexagone laisserait penser que le cochon ibérique destiné à la fabrication du jambon si fondant en bouche aurait exclusivement les pattes noires. S’il est vrai que la plupart des variétés de cochons ibériques (il en existe une trentaine entre l’Estrémadure et l’Andalousie) ont les pattes et surtout les ongles sombres, tous ne possèdent pas cette caractéristique.

L’ESTRÉMADURE, LE PARADIS DU JAMBON IBÉRIQUE

Dans le Parc National de Monfragüe, certains cochons ont les pattes et le ventre quasiment rouge ! Il existe également des variétés de race châtains, blondes, colorées… Dans ces immenses domaines fonciers formés d’une prairie en sous-bois clairsemé, les cochons gambadent allègrement et se nourrissent d’une herbe composée de graminées et de légumineuses riches en protéines qui recouvrent le sol des fincas tel un tapis de verdure puis à l’automne lors de la montanera qui peut s’étendre de septembre à mars, de glands tombés des arbres.
Ce régime mi-sportif mi-gastronomique leur permet d’acquérir un équilibre parfait de muscles parsemés de graisse, riche en acides gras minoinsaturés dont l’acide oléique. Le fameux gras persillé ! D’autres composants du fruit des chênes tels que le tocophererol – la vitamine E qui régule l’oxydation des lipides – peaufine la fabrication de ce joyau gastronomique.

LE PARC DE MONFRAGÜE, LE SANCTUAIRE DES ANIMAUX SAUVAGES

Mais les dehesas ne sont qu’une partie du Parc National de Monfragüe. Avec sa superficie de presque 18400 hectares (500km de large), cet espace de verdure est un écrin de tranquillité pour la faune la plus représentative de méditerranée : vautours moines, aigles ibériques, cigognes noires, lynx pardelles, monticoles bleus, grand-duc d’Europe, grèbes huppées, genettes… Composé de zones de pâturage et de bois, il n’est pas rare d’y apercevoir des cervidés se déplacer tranquillement en liberté même au bord des routes. Le fleuve Tage et la rivière Tiétar qui le traversent dessinent des reliefs composés de méandres et de formations rocheuses caractéristiques du parc, authentiques sanctuaires pour les nombreuses espèces nidifiantes et ornithologiques du parc. Au dessus de ces cours d’eau, le bal des rapaces semble interminable. Si les axes principaux du parc sont facilement accessibles aux voitures citadines, d’autres pistes ne pourront se faire qu’en 4×4. De nombreux sentiers pédestres permettent s’observer la nature au plus près et d’en profiter pleinement.

Visiter le Parc de Monfragüe ou suivre la route du jambon (avec visite des fermes, visite des séchoirs et dégustation) avec le guide Raul Virosta de Destino Activo. Informations au 620 941 778, raul@destinoactivo.com ou reservas@monfraguevivo.com.