Ville tentaculaire par sa superficie, Ciudad de Mexico est souvent le point de connexion vers une autre destination finale. À tort, car la capitale du pays a tant à offrir et demeure un concentré de la vie mexicaine avec ses cultures diverses issues des quatre coins du pays.
ARPENTER LE BOSQUE DE CHAPULTEPEC
Il se dit souvent que Mexico ou CDMX est une ville qui manque d’air, étouffante à cause de sa pollution. Et pourtant la capitale possède un poumon vert de plus 500 hectares (certains annoncent près de 900 hectares?). Le Bosque de Chapultepec (Parc de Chapultepec), à l’image du Retiro à Madrid, est une véritable bouffée d’air pur pour les habitants de la ville, une immense étendue boisée au cœur de la capitale. Des découvertes de restes osseux et de céramiques datant de -2500 ans à -200 ans avant J.C. trouvés sur la colline permettent de dire que c’est le « témoin » le plus antique de l’évolution de la ville. Le Bosque de Chapultepec serait aussi le parc le plus ancien d’Amérique. Par la suite, de nombreux écrits témoignent de son occupation pré-hispanique et coloniale. Le Parc de Chapultepec ouvre officiellement au public en 1905. Le 20ème siècle est dynamique avec notamment l’installation du président Francisco Ignacio Madero González (1911), la fermeture du Collège militaire (1914), l’agrandissement de la forêt avec un jardin d’Antonio Rivas Mercado et l’expropriation du ranch de La Hormiga (1917), l’inauguration du zoo Alfonso Luis Herrera (1924), l’extension avec 877740m2 (1925), la construction de la fontaine de la Tempérance (1931), l’ouverture en tant que musée national d’histoire du Château de Chapultepec (1944), l’inauguration de la Galerie d’Histoire (1960), l’inauguration du Musée national d’Anthropologie et du Musée d’Art Moderne (1964)… Et tant d’autres agrandissements, réaménagements, inaugurations… Bref, il faut plusieurs jours pour visiter l’intégralité du Parc de Chapultepec, qui comprend également un zoo, un jardin botanique, des restaurants, des zones de restauration…
SAVOURER LA FOOD ET LA STREET-FOOD DU MEXIQUE
La cuisine mexicaine est d’une richesse incroyable. Du Nord au Sud, toutes les expressions culinaires existent. La cuisine du Chihuahua n’est pas la même que celle du Yucatán ou de Veracruz. Mexico est un concentré de toutes ces différentes spécialités. La street food est reine en ce pays. Pas un coin de rue sans une échoppe de fortune, préparant à toutes heures un met aussi bon que riche (12500 kcal minimum par bouchée) en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Parmi les classiques, enchiladas, burritos, tacos, quesadillas et fajitas font bonne figure. Les fajitas sont des tortillas de maïs garnies de viande (poulet, bœuf, porc) découpée généralement marinée accompagnée de crudités, parfois de guacamole et bien souvent relevées de sauce verte (salsa verde). Le taco, servi déjà préparé et plié contrairement à la fajita qui doit être préparée par le gourmand, est lui aussi une tortilla garnie de viande, de sauce, d’oignons crus et de coriandre. La quesadilla (25000 kcal au compteur) est une tortilla garnie de fromage mexicain réchauffé comme un panini. Certaines quesadillas sont végétariennes d’autres contiennent de la viande ou des légumes. Plus caloriques encore, les enchiladas, plus simple à manger à table que dans la rue. Ce sont des tortillas garnies à l’envie, roulées et disposées dans un plat, recouvertes de sauces et gratinées au four. Le burrito, plus gros, est constitué d’une tortilla, garnie de viande hachée, repliée aux extrémités et roulée puis passée au four. Dans le Nord du Mexique (Sonora et Sinaloa), ce burrito cuit en friture prend le nom de chimichanga. Assis à table, d’autres spécialités sont incontournables comme les arracheras, les huaraches de bistec, les pechugas a la plancha, salmon al chipotle et bien évidemment le mole poblano, la sauce nationale originaire de Puebla généralement servie sur du poulet… Le tout arrosé d’une horchata, boisson incontournable au Mexique, mais originaire d’Espagne, à base de riz.
FLÂNER SUR L’ÉCLECTIQUE PLACE ZÓCALO
S’il y a une place à visiter à Mexico, c’est celle-ci ! La place de la Constitution plus communément appelée Zócalo est située dans le centre historique de la ville et inscrite au Patrimoine Mondial de l’Unesco. Cette place a changé plusieurs fois de nom dans son histoire, tour à tour, Place d’Armes, Place Principale, Place du Palais. Son nom actuel lui est attribuée en hommage à la Constitution espagnole de 1812 dite Constitution de Cadix. Dans les faits, son intérêt réside dans les bâtiments qui l’entourent. À l’Est, le Palais National. Au Nord, la Cathédrale métropolitaine de Mexico. La Cathédrale Métropolitaine de l’Assomption de la Très Sainte Vierge Marie au ciel est la plus grande d’Amérique. Dans un style baroque churrigueresque affirmé (un style baroque exubérant qui a marqué l’architecture espagnole au 18ème siècle), elle possède deux tours néoclassiques de 64 mètres. Tout d’abord construite sous les ordres d’Hernán Cortés, elle fut ensuite détruite en 1571 et reconstruite puis consacrée en 1667. Au fil des siècles, des éléments tels que les clochers ou le dôme central, ont été rajoutés à la construction initiale. Le Palais national, quant à lui, est le siège du pouvoir exécutif fédéral au Mexique et la résidence officielle du président des États-Unis mexicains depuis 2018. Ce site a été, tout au long de l’histoire mexicaine, un palais de la classe dirigeante et une résidence présidentielle. À deux pas de la cathédrale, le Templo Mayor (nom espagnol de la grande pyramide aztèque à degrés de Tenochtitlan mais aussi de l’ensemble du centre cérémoniel) mérite un coup d’oeil. Construit en sept phases puis détruit, ses fondations n’ont été mises à jour qu’en 1978. Les fouilles, qui ont permis d’excaver 1,2 hectares de ruines, ont nécessité la destruction d’immeubles des alentours. La place Zócalo est toujours animée pour le plus grand plaisir des passants. D’un côté, des rituels de purification spirituelle par un chaman aztèque, de l’autre des danses folkloriques. Plaza de la Constitución S/N, Centro Histórico de la ciudad de México, Centro, Cuauhtémoc, 06010 Ciudad de México, CDMX, Mexique.
EXPLORER LE QUARTIER BOBO DE COYOACÁN
C’est le quartier bourgeois bohème par excellence de la ville de Mexico ! Et l’un des quartiers les plus agréables de la ville qui détonne avec de nombreux autres où l’ambiance est parfois (trop) animée. Coyoacán, c’est le calme et la plénitude incarnés, préservé des bruits et du trafic. Des rues pavées à l’ancienne, des maisons individuelles au style colonial traditionnel mexicain et coloré, des restaurants hypes où la jeunesse mexicaine adore se retrouver. Evidemment le quartier est connu pour sa célèbre maison bleue et ocre rouge, la Casa Azul, où vécu et mourut l’artiste mexicaine Frida Kahlo. Tout semble converger vers la Plaza Hidalgo. Dotée d’une multitude d’arbre et de fontaines, s’y reposer sur les bancs frappés de l’emblème du quartier (le coyote) fait partie des plaisirs de la vie simple et agréable. À deux pas de la place, le Bazar Artesanal Mexicano (dont les boutiques n’ouvrent pas avant 11/12h) est un incontournable, sur deux étages, pour les touristes qui veulent ramener des produits artisanaux authentiques sans être assommés par des prix prohibitifs. Parmi les essentiels à glisser dans sa valise, le véritable mole, poblano ou oaxaqueño. Prenez-le de préférence en poudre. Il se conservera mieux. Autres produits à ramener dans ses valises, le travail du cuir avec notamment les chaussures tressés, les ceintures gravées et les bijoux en perles de cristal. Pas de Bohème mais tout aussi magnifiques ! Sinon, les boutiques de ce centre artisanal regorgent de tee-shirts ou de porte-clefs à l’effigie de Frida Kahlo, de figurines Catrina ou Calavera. de ponchos en laine, de poteries… Autre manière de visiter Coyoacán, le bus. Oui mais pas n’importe lequel. Ici, ce sont des minis bus en métal rouge et jaune et intérieur bois, les trolleybus de la société Tranvía Turístico, qui sillonnent non seulement ce village dans la ville mais également d’autres quartiers comme le Centro histórico, Condesa, Polanco et Zona Rosa. Bazar Artesanal Mexicano, Felipe Carrillo Puerto 25, Coyoacán TNT, Coyoacán, 04000 Ciudad de México, CDMX, Mexique.
RESSENTIR LA PRÉSENCE DE FRIDA KAHLO DANS SA MAISON-MUSÉE
Évidemment, cette maison transformée en musée est LE lieu incontournable lors d’un passage dans le quartier de Coyoacán ! Reconnaissable à ses couleurs extérieures, la Casa Azul a été le refuge de l’artiste mexicaine Frida Kahlo. Au 247 de la rue de Londres, la foule amassée à l’extérieur est le témoin de l’intérêt des gens non seulement pour l’œuvre de Frida mais également pour sa (triste) vie. Achetée par son père en 1904 puis agrandie par celui qui fut son mari, Diego Rivera, Frida y a vu le jour le 6 juillet 1947. Elle y a fermé les yeux éternellement 47 ans plus tard, le 13 juillet 1954, presque jour pour jour après sa naissance. Ce qui est bouleversant et étonnant, une fois le pas de la porte passé, c’est de sentir la présence de l’artiste. Comme si son âme veillait encore sur les lieux. La visite commence par ses peintures. D’abord de famille puis ses autoportraits torturés. Non sans raison. Après son accident de bus et toutes les conséquences qui en découlèrent, notamment le port d’un corset rigide, sa mère lui fit installer un lit à baldaquin avec comme plafond un miroir. Avec son chevalet spécialement fabriqué pour une position allongée, elle commence à peindre ce qu’elle voit : elle. La visite se poursuit avec les appartements privés de l’artiste. Son fauteuil roulant devant son chevalet, ses palettes et ses pots de pigments purs sont empreints d’émotion intense. Son lit et le fameux miroir. Sa cuisine. Ses jardins arborés. Dans un autre bâtiment, une exposition met en lumière ses vêtements et accessoires, notamment ses corsets et ses chaussures, et nous révèle une femme coquette et féminine malgré le handicap. Casa Azul, 247 Londres 247, Del Carmen, Coyoacán, 04100 Ciudad de México, CDMX, Mexique.
DÉCOUVRIR LE STREET-ART OU MURALISME À MEXICO
Le street art, ou plus justement muralisme contemporain ou néo-muralisme, est une tendance mondiale d’esthétisation de l’espace urbain dont les peuples ont pris possession pour se raconter ou raconter l’histoire de leur pays. Le street art mexicain a pris son essor dans les années 2010. La thématique abordée est principalement l’identité mexicaine à travers les traditions artisanales ou culturelles, l’histoire préhispanique et les communautés indigènes. Catrina, Frida Kahlo, Calavera, Doña Rosa Real de Nieto (céramiste), sont les personnages récurrents apparaissant sur les murs. Les personnage anonymes, mettant en valeur la société actuelle mexicaine, sont aussi les vedettes de ces œuvres de la rue. Les artistes, bien souvent très engagés, expriment par ces fresques murales leurs idées et leurs revendications sociétales. Si dans d’autres villes sud-américaines, comme Bogota ou Sao Paulo, le street art est condensé dans certains quartiers, à Mexico la difficulté est d’établir un véritable « street art tour » dans la mesure où les œuvres sont dispatchées aux quatre coins de cette ville tentaculaire, et parfois des quartiers « chauds ». Cependant quelques quartiers (colonias) condensent des œuvres comme Roma Sur, Roma Norte, Condesa, Doctores, Cuauhtémoc, Hidalgo… Fait étonnant aussi, l’immense place faite aux femmes, que ce soit dans les œuvres leurs rendant hommage ou les artistes elle-mêmes. Dès la sortie de l’aéroport, il faut ouvrir les yeux, dégainer l’appareil photo pour saisir à la volée ces magnifiques fresques qui surgissent et disparaissent aussi vite qu’elles sont apparues.
S’ÉMERVEILLER DE L’ŒUVRE MONUMENTALE DE DIEGO RIVERA
Bien trop souvent, la peinture de Frida Kahlo éclipse celle de Diego Rivera, plus connu pour avoir été son époux (infidèle) qu’un artiste reconnu. Et pourtant, son œuvre mérite à elle seule une exploration dans la ville de Mexico. Si le peintre a beaucoup travaillé sur chevalet, sa production magistrale, largement empreinte d’idéologie communiste, un brin propagandiste, est surtout murale notamment à partir de 1922, date à laquelle il réalise sa première fresque, La création (La creación). Cette dernière, très mystique, dont la thématique principale est le métissage mexicain, est visible dans l’Auditorium Bolívar au College de San Ildefonso. Il serait interdit de la photographier, mais de nombreuses images circulent sur internet. De 1923 à 1928, Diego a réalisé un mural dans le Secrétariat de l’Instruction Publique, qui est juxtaposé au collège. Cet ensemble de peintures est réparti sur deux patios. Le rez-de-chaussée représentent des scènes liées aux activités de travail. Au premier niveau, le travail intellectuel. Au second niveau, Diego a peint un hommage aux arts et aux idéaux nationaux. L’escalier et le hall d’ascenseur illustrent la fécondité, le savoir, la science, la technologie, la joie de vivre, le travail… à travers la représentation d’allégories ou figures divines telles que la déesse de l’eau ou Xochipilli (divinité mexicaine des fleurs, de l’amour, de la danse, du chant et des jeux), la mer, le nuage, Tehuantepec. Dans le Palais National, sa fameuse Épopée du peuple mexicain, peint de 1929 à 1950, parcoure les murs, en retraçant l’histoire du peuple mexicain de ses origines pré-hispaniques au milieu du 20e siècle. Les murs intérieurs du Palais des Beaux-Arts sont également ornés d’une œuvre politique de Diego, « L’homme, contrôleur de l’univers ». Cette dernière avait été initialement créée pour le Rockefeller Center à New York, mais la présence de Lénine parmi les personnages et le refus catégorique de Diego de le retirer avait provoqué sa destruction dans le bâtiment américain. Diego l’a donc plus ou moins reproduite au Mexique.
Secretaría de Educación Pública, Cll. Argentina 28, col. Centro Histórico, Cuauhtémoc, 06020 Ciudad de México, CDMX, México.
Palacio Nacional, Plaza de la Constitución S/N, Centro Histórico de la Cdad. de México, Centro, Cuauhtémoc, 06066 Ciudad de México, CDMX, México.
Palacio de Bellas Artes, Av. Juárez S/N, Centro Histórico de la Cdad. de México, Centro, Cuauhtémoc, 06050 Ciudad de México, CDMX, Mexique.
FAIRE UNE PAUSE NATURE À XOCHIMILCO
Au sud du centre historique, à une trentaine de kilomètres, Xochimilco est un quartier de Mexico connu pour son réseau de canaux de la Chinampería, derniers vestiges d’un réseau maritime beaucoup plus vaste construit par les aztèques sur le lac de Xochimilco. Cette vaste étendue entre eau, jardins flottants et végétation luxuriante prend des airs de Venise avec ses embarcations colorées, les trajineras, des bateaux à fond plat traditionnellement utilisé pour le transport de marchandises. Un poil plus festif, notamment avec les orchestres de mariachis qui se baladent au milieu des touristes ou les commerçants ambulants, mais moins guindé. Une fois embarqué dans l’un des dix embarcadères dont le plus important est Nuevo Nativitas et le plus écologique est Cuemanco, il n’y a qu’à se laisser glisser et profiter du calme dans les artères secondaires du réseau contrastant avec l’effervescence du centre ville. Cette zone a été inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. C’est dire son importance à la protéger au quotidien. Rutopia, contraction de ruta (route) et utopia (utopie), y organise des tours ponctués de visites et déjeuners dans l’une des communautés autochtones. Cette startup de tourisme certifiée B Corp est spécialisée dans les voyages écotouristiques sur mesure et authentiques à travers tout le Mexique.