Jadis, les parfums de luxe étaient réservés aux femmes, grandes consommatrices en la matière. Les hommes, eux, portaient les quelques fragrances, toutes composées des mêmes notes –souvent la lavande-, des parfums qui pour la plupart étaient plus des eaux liées au rituel du rasage ou des Colognes quelconques que de véritables compositions olfactives. Il y avait peu de créations masculines, quelques fragrances mémorables, mais pas de véritable révolution dans le quotidien des hommes et leurs gestes de beauté.

L’explosion de la parfumerie masculine a lieu à partir de 1990. Souvent de vraies créations, parfois des rééditions rajeunies et dépoussiérées, fréquemment des masculinisations de jus féminins… les nez se sont lâchés jusqu’à faire dire aux mauvaises langues que la parfumerie était –et resterait- plus une histoire de marketing qu’une vraie passion olfactive. Concrètement, de 1990 à 2000 les notes aromatiques sont omniprésentes et se partagent la vedette avec les notes orientales ou hespéridées. Quelques ovnis proposent des notes fleuries. On est loin des parfums d’antan dont les effluves agressaient les narines. On assiste dans ces années-là à un vrai retour à l’enfance –y compris en parfumerie- dont les doux arômes sont chocolatés, caramélisés et vanillés. Beaucoup de gourmandise en somme. À cette époque, une vraie prise de conscience environnementale pousse à un retour à l’essentiel. Les parfums se parent alors des odeurs de terre, d’effluves marins, aquatiques ou végétaux. Deux parfums se distinguent et sont reconnaissables entre tous par les profanes, Amen de Thierry Mugler et Le Mâle de Jean-Paul Gaultier.


Depuis 2000, la grande tendance est de faire du neuf avec du vieux. On prend des jus masculins à succès, on y enlève des notes trop fortes, on y ajoute quelques notes par-ci par-là et l’on obtient des parfums neufs ou des eaux d’été. Les fragrances sont conçues comme des jus qui doivent plaire aux hommes mais aussi aux femmes. Certaines jouent à fond sur la mixité. L’une des grandes tendances est aussi le retour aux parfums capiteux des années 80 avec des compositions orientales la plupart du temps, très souvent boisées, lourdes, la légèreté étant réservées aux eaux éphémères. Le parfum masculin est comme le féminin un pur produit de consommation, fidèle à l’image de notre société. Mais qui s’en plaindrait ?