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Les objectifs à bascule et à décentrement sont à la mode et pour cause ! Ils permettent non seulement de corriger des défauts optiques provoqués par les objectifs habituels, mais ils ont également trouvé une autre voie : celle de l’esthétisme et de la créativité. En effet, ils ne sont plus uniquement utilisés en architecture mais aussi en portrait, paysage, nature morte… À adopter sans plus attendre !

La chambre photographique ou le décentrement et la bascule avant l’heure

Une chambre, c’est quoi au juste ? L’ancêtre de nos appareils photos. Elle est aujourd’hui peu utilisée par les amateurs lambdas, mais trouve encore son public parmi ceux qui ont décidé de faire de la photographie, un art. La chambre photographique est un gros appareil, doté des mêmes éléments qu’un petit. Une optique placée sur le corps avant pour créer l’image, un châssis -pour l’enregistrer- avec un petit dépoli pour pouvoir cadrer sa photo et faire la mise au point (le tout placé sur le corps arrière) et un soufflet entre les deux (vous voyez à quoi ressemble le soufflet d’accordéon… C’est la même chose). La chambre photographique est aussi appelée Grand Format. Elle est l’héritière des appareils qui utilisaient des négatifs sur plaque de verre (au gélatino-bromure d’argent). Les tirages photographiques se faisaient par contact. Autrement dit, il fallait avoir un grand négatif pour avoir une grande photo.  C’est pourquoi, on trouvait des grands formats à partir de 9x12cm jusqu’à 20x25cm. Polaroid faisait même une chambre de 50x60cm !

L’autre avantage majeur que présentait une chambre : un plan film qui permettait le développement individuel de chaque photographie. On pouvait ainsi ajuster le traitement en fonction de chaque image. La chambre d’autrefois ne permettait donc qu’une prise de vue unique. À chaque photo, il fallait insérer un nouveau châssis porte film. Plus économique certain l’équipaient d’un châssis spécifique permettant d’utiliser des films en rouleaux. Aujourd’hui les amateurs de chambre en possèdent dotée d’un dos numérique. La surface du capteur, dont les photosites sont plus gros et plus nombreux, permet une définition et une sensibilité hyper qualitatives. On peut donc faire des agrandissements très importants, sans perte de qualité. L’inconvénient d’une chambre reste son poids, assez lourd, et sa taille, assez encombrante. Le Grand Format est toujours apprécié pour sa précision et sa clarté du cadrage. Elle est encore très utilisée en architecture, photo industrielle, photo d’œuvre d’art, mode ou en beauté, photo culinaire… Et tous types de photo requièrant une grande richesse des détails ou une impression en très grand format.

La bascule

La notion de flous est liée à la photographie, autant que celle des perspectives le soit à la peinture. Avec un Grand Format ou un objectif à bascule, on peut jouer avec les flous, les placer où l’on souhaite et souligner sur son image des points, de grande netteté, très précis. Les objectifs classiques possèdent une bascule fixe à 0% et un plan de netteté orthogonal à l’axe optique. Les objectifs à bascule permettent de placer le plan de netteté en choisissant ses axes, ses angles de bascules et son tirage choisi.

Il existe plusieurs sortes de bascules dont les bascules au pied (dont nous ne parlerons pas ici), les bascules à l’axe, les bascules asymétriques, les bascules patatoïdes. Pour les bascules à l’axe, ces derniers passent par le milieu du format. Il n’y a donc aucune perte de cadrage. Les deux axes sont traités de la même façon. Pour les bascules asymétriques, l’axe de bascule passe par les bords du format. Les bascules patatoïdes possèdent un système de quatre coulisses qui permettent de placer le corps dans n’importe quelle position. Dans ce cas précis, il n’y a donc plus de notion d’axe de bascule.

La bascule peut avoir une grande influence sur la netteté de l’image. Cette netteté dépend habituellement des positions de trois plans : le plan du sujet, le plan de l’objectif, le plan du film. C’est ce qu’on appelle la règle de Scheimpflug. Si les trois plans sont parallèles, l’image est nette. Si l’un des trois plans est incliné par rapport à un autre, il y a des risques de flous à un endroit où l’on ne le désire pas. L’objectif à bascule permet aussi d’augmenter la profondeur de champs sans fermer le diaphragme.

Le décentrement

Atget utilisait déjà le décentrement au XIXe siècle et l’on pourrait même remonter avec certitude à 1850 pour les premiers décentrements de l’histoire de la photographie. Bien souvent on entend dire que les objectifs à décentrement corrigent les perspectives. Il serait plus juste de parler de respect des perspectives. L’objectif à décentrement permet en effet de photographier ce qui est réel et non ce qui est traduit par l’optique. L’objectif à décentrement permet concrètement de photographier en contre-plongée sans les déformations habituelles de la contre-plongée. Pas la peine de basculer l’appareil photo, c’est l’objectif que l’on décentrera vers le haut qui permettra de rectifier les parallèles, de corriger « l’erreur » apparente de la perspective. Par exemple, si l’on veut photographier un objet vertical, il faut que le plan image le soit également. Les lignes verticales de l’objet photographié parallèles le seront également sur la photo. Exit, les déformations pyramidales…

Un bon objectif à décentrement doit restituer correctement la géométrie des objets photographiés, ne pas créer de courbures sur les lignes droites et offrir une netteté au centre et aux bords de l’image. La luminosité de la photo doit être homogène et ne pas présenter de vignettage, ce qui est bien souvent le cas pour les très grands-angles.

Application du décentrement et de la bascule

Acheter un objectif à décentrement et à bascule, c’est bien, mais en aurez-vous l’utilité ? Voici quelques domaines géométriques ou esthétiques d’application du décentrement ou de la bascule. À vous de voir si vous pratiquez dans ces domaines.

Architecture
 C’est LE domaine photographique ou le décentrement est le plus utile. En effet dès que l’on commence à prendre au grand-angle de l’architecture en photo, on se trouve confronté aux déformations habituelles. Cela peut être un parti pris, mais parfois on aimerait bien que les distorsions soient un peu moins omniprésentes. Le décentrement permet donc d’utiliser un grand-angle sans en subir les conséquences optiques.

Paysage 
Le décentrement permet de changer la place de l’horizon. En haut ou en haut selon le sens dans lequel vous tournez votre mollette. Les proportions de votre image seront décentrées et vous éviteront le cadrage centré.

Nature morte
 Là tout est permis. Le décentrement et la bascule permettent plus de créativité. Il n’y a qu’à voir les photos des plus grands photographes culinaires. Ils usent et abusent de la bascule pour montrer sur leurs photos un seul point net qui non seulement met l’eau à la bouche mais permet aussi de mettre le produit en vedette.
Portrait
C’est l’un des domaines esthétiques où la bascule donne des résultats originaux. Sans fermer le diaphragme, vous pourrez obtenir une très faible profondeur de champs, donc un flou maximum, tout à la fois romantiques et suggestifs, tout autour du portrait. Seuls les yeux (par exemple) ne seront nets. Pour des raisons économiques, vous pouvez aussi utiliser pour ce genre de photo de filtre qui imite la bascule. Mais le rendu ne pourra être égal à un objectif coûtant plus de 1000€ !

Notre choix d’objectif à bascule et à décentrement


Très rares et chers, il n’y a aujourd’hui que deux marques qui fabriquent ce type d’objectifs : Canon et Nikon.

Objectif TS-E 17mm f/4L Canon – À partir de 1246€. 
Conçu pour la photographie d’architecture, le TS-E 17 mm f/4L présente une distorsion minimale et une excellente netteté d’un bord à l’autre. Polyvalent, c’est un objectif à décentrement et bascule très grand angle qui offre des prises de vue grand angle tant pour les capteurs APS-C que pour les capteurs « plein format ». Grâce au système de rotation, l’orientation du décentrement et de la bascule peut être définie indépendamment. Cela permet de contrôler séparément la perspective et la profondeur de champs et d’améliorer ainsi la flexibilité de l’objectif.
Cet objectif possède une diagonale de champ visuel de 104° associée à un décentrement de ±6,5°, à une bascule de ±12 mm et à une capacité de rotation de ±90° des mécanismes de décentrement et de bascule. Les verrous des mécanismes de décentrement et de bascule éliminent les mouvements indésirables.
Une lentille asphérique de grand diamètre ultra-précise est utilisée pour une résolution maximale et une faible distorsion. L’aberration chromatique, courante dans la prise de vue grand angle, est entravée par quatre éléments en verre UD. Le traitement d’objectif réduit les risques d’images fantômes et de lumière diffuse causés par la réflexion interne, contribuant ainsi à produire des images claires et nettes. Ces objectifs série L sont conçus pour résister à une utilisation normale dans les environnements les plus difficiles. Les joints d’étanchéité à l’humidité et à la poussière offrent une protection supplémentaire.
Le TS-E 17 mm f/4L est fabriqué à partir de verre sans plomb ne présentant aucun danger pour l’environnement.

Objectif TS-E 24mm f/3.5L II Canon – À partir de 1299€
. Idem au TS-E 17 mm f/4L, le TS-E 24 mm f/3,5L II a été conçu pour offrir une qualité d’image exceptionnelle sur les bords de l’image, une rotation indépendante des mécanismes de décentrement et de bascule, un décentrement possible de ±8,5°, une bascule de ±12 mm et une capacité de rotation de ±90° des mécanismes de décentrement et de bascule. Par ailleurs, ses mécanismes de décentrement et de bascule sont dotés de verrous qui éliminent les mouvements indésirables. Pour obtenir une résolution exceptionnelle, une lentille asphérique en verre moulé -de grand diamètre- ultra-précise est utilisée. Trois éléments en verre UD sont utilisés afin de réduire l’aberration chromatique. Ces caractéristiques rendent la lentille particulièrement adaptée à la photographie de paysage et d’architecture. Le TS-E 24 mm f/3.5L II est lui aussi fabriqué à partir de verre sans plomb.

Objectif PC-E Micro Nikkor 45 mm f/2.8D ED Nikon – À partir de 1 791€. 
Le Nikkor standard avec contrôle de la perspective (PC-E) présente une optique conçue pour reproduire une perspective naturelle, idéale pour la photographie spécialisée, en studio ou en architecture. Traitement nanocristal pour des performances optiques accrues sur les reflex numériques modernes haute définition. Ses principales caractéristiques sont : un décentrement de +/-11,5 mm et bascule de +/-8,5º, une révolution de +/-90º (par incréments de 30º), un traitement nanocristal pour réduire les images parasites et les reflets, une lentille en verre ED (dispersion extra-faible) pour garantir une définition et un contraste supérieurs, une plage d’ouverture : f/2.8 – f/32, une commande d’aperçu avec contrôle d’ouverture électronique, une distance minimale de mise au point de 0,253 m, un parasoleil à baïonnette HB-43 et étui souple d’objectif CL-1020 inclus.

Objectif PC-E Micro Nikkor 85 mm f/2.8D Nikon – À partir de 1554€
. L’objectif Nikkor avec contrôle de la perspective (PC-E) offre une optique de grande qualité, idéale pour les portraits et la photographie de produits. Traitement nanocristal pour des performances accrues sur les reflex numériques modernes haute définition. Ses principales caractéristiques sont : un décentrement de +/-11,5 mm et bascule de +/-8,5º, une révolution de +/-90º (par incréments de 30º), un traitement nanocristal pour réduire les images parasites et les reflets, une plage d’ouverture : f/2.8 – f/32, une commande d’aperçu avec contrôle d’ouverture électronique, une distance minimale de mise au point de 0,39 m, un parasoleil à baïonnette HB-22 et étui souple d’objectif CL-1120 inclus.