La vitesse lente est pour vous un mystère ou une difficulté ? Apprenez à l’apprivoiser afin d’obtenir de merveilleux clichés dans des situations plus ou moins difficiles comme les photos de nuit, de concert, de feux d’artifices… La vitesse lente vous permettra aussi de sublimer des situations plus ou moins banales ou de créer des effets spéciaux avec des filets d’eau ou des phares de voitures. L’art de réaliser de meilleurs clichés en tirant parti d’une fonction incontournable de son appareil photo.
La vitesse lente pour quelle situation ?
Lorsqu’on souhaite photographier de l’eau, que ce soit une chute, une cascade, une lagune, une mangrove ou tout simplement la mer, que choisir comme vitesse pour les meilleurs effets? La vitesse lente pour la photo d’eau permet de lisser le mouvement de l’eau, on obtient alors un mouvement uniforme et doux, légèrement laiteux par endroits. Une vitesse rapide et les gouttes d’eau paraissent figées, gelées. Dès qu’il s’agit de nature, le côté figé est souvent inesthétique. Les vitesses lentes permettent de montrer le mouvement avec des flous.
Même topo pour le sport où le mouvement semble figé si la vitesse est trop raide. Dans ce dernier cas, si votre souhait est réellement de figer le mouvement, alors oubliez la vitesse lente.
La vitesse lente est également idéale pour les photos de nuit, de feux d’artifices, de manège, de concerts et spectacles. La vitesse permet aussi de photographier n’importe quelle architecture en intégrant intrinsèquement à sa photo, le touriste de passage. En effet plutôt que d’attendre des heures qu’il n’y ait plus un chat devant ce beau monument qui vous fait rêver, incluez les passants dans votre photo. Loin de voler la vedette à votre acteur principal, il révèleront une facette inattendue.
Quel matériel nécessaire pour pratiquer la vitesse lente
Avec la vitesse lente se posera le problème de la stabilité. Une vitesse lente de 1/10ème nécessite de poser son appareil sur un trépied. Sans cela il n’y aura aucun point net sur votre photo et vous obtiendrez ce qu’on appelle le flou de bougé. Dans le cas d’une pose longue, le trépied est indispensable afin de préserver la netteté des parties fixes de la photo.
Pour cet objet indispensable à certaine situation, vérifiez sur les textes de loi si oui ou non vous pouvez le poser, là où vous voulez prendre votre photo. Sachez par exemple que les éclairages de la Tour Eiffel de nuit sont soumis au droit d’auteur inaliénable (l’auteur étant le créateur de l’éclairage). Il est de même pour bons nombres de monuments. Si votre photo est à usage personnel, il n’y aura pas de problème (mais bien souvent vous verrez surgir un agent de police ne se préoccupant guerre de savoir si vous êtes amateur ou professionnel), par contre l’utilisation de cette même photo sur un support papier ou sur le Web peut vous créer des problèmes par les auteurs de l’œuvre (par exemple La Grande Arche de la Défense). Sachez qu’aux yeux des forces de l’ordre, le trépied fait « professionnel » (et non plus amateur).
Pour pallier les micro-vibrations naturelles lors du déclenchement de la photo, il sera impératif d’utiliser au choix un déclencheur souple, une télécommande infrarouge ou plus simplement le retardateur. Afin d’éviter les vibrations résiduelles liées au déclenchement et, par conséquent, au soulèvement du miroir, l’astuce qui consiste à suspendre à l’objectif un poids s’avère très judicieuse. Il sera aussi possible de prendre la photo miroir relevé si l’appareil le permet.
Les eaux vives et Les fontaines
Transcender l’eau est l’un des cas où vous aurez besoin de la vitesse lente. Au 1/250 les gouttes sont figées. Au 1/125 les gouttes deviennent floues, mais le côté esthétique tant recherché n’est pas encore au rendez-vous. En dessous du 1/60, pour certaine ouverture, commence à donner des effets laiteux et romantiques à la plus classique des situations. Le trépied permet de travailler avec une petite ouverture. Qui dit petite ouverture, dit pose longue. Il est intéressant lorsque vous prenez des chutes d’eaux, des cascades et autres eaux vives, de changer d’angle. Utilisez le grand angle pour prendre la chute d’eau puis un téléobjectif. Cadrez avec les environs ou concentrez-vous sur un plan plus serré qui permet de recentrer sur le sujet principal de votre photo. Multipliez les cadrages et les points de vue. La photographie de nature permet d’acquérir de l’expérience et de la confiance en sa qualité photographique.
Les villes recèlent de fontaines toutes plus belle les unes que les autres, alors il est tentant de se pencher sur ce genre de photo. Là encore il s’agit d’eau mais avec l’architecture en plus. Non seulement celle de la fontaine mais également celle de l’environnement. Tout d’abord, tournez autour de la fontaine pour trouver la meilleure composition possible. Prenez un parti pris. Voulez-vous que l’eau paraisse figée ou au contraire laiteuse ? Dans ce cas, la vitesse lente ou moyenne est nécessaire et sera votre alliée pour une belle photo. Utilisez le flash pour déboucher les ombres.
Le paysage urbain de nuit
Une ville la nuit est l’une des choses les plus belles et intéressantes à prendre en photo. Ici pas de soucis avec l’habituel et superflu besoin d’ombres ou de dégradés de tons. La nuit, on joue avec des masses foncées saupoudrées de petites touches de couleurs à la manière d’un tableau de maître impressionniste. Une ville, la nuit, est un théâtre à ciel ouvert, aux couleurs bigarrées. Mélange d’enseignes lumineuses, de phares de voiture, d’éclairage de toutes sortes.
Vous pouvez prendre un cliché avec une haute sensibilité, mais certains appareils laissent apparaître du bruit très inesthétique à partir de 800 iso. Alors que faire ? La vitesse lente est idéale. Plus votre diaphragme sera fermé (donc plus le temps de pose sera long dans ce cas de photo), plus le rendu des points de lumière sera féerique. Au lieu de vulgaires points lumineux, vous obtiendrez des étoiles scintillantes qui donneront une autre dimension à votre photo.
Lorsque vous avez choisi votre point de vue, installez vous dès le crépuscule. Entre chien et loup le ciel révèle parfois des nuances inattendues. Les nuages se colorent de teintes aux doux reflets orangés. Une fois que la nuit est vraiment tombée, les immeubles s’éclairent et se parent de mille couleurs qui donneront des effets surprenants à vos photos. Si un ensemble d’immeubles vous fascine, n’hésitez pas à changer de format et d’objectifs. Prenez-les au grand angle pour donner une atmosphère générale de grandeur, puis au zoom pour photographier des détails quasi invisibles à l’œil nu.
Les concerts et les personnages de nuit
Que ce soit des personnages évoluant dans une ville la nuit, une soirée dansante ou des photos de concerts, la vitesse lente vous sera d’une grande utilité.
Obtenir de belles photos de concerts (boite de nuit, bal de mariage, etc.) est un exercice très difficile mais pas impossible. Si c’est un sujet que vous voulez creuser, votre expérience au fil du temps sera la clef de votre réussite, et votre progression se verra d’une photo à l’autre. Il est important de connaître son appareil photo et ses réactions avant de se lancer dans ce type de photo. Les moments les plus propices pour réussir de belles photos sont rares. Il faut donc être à l’affût et très réactif. Il faut faire ses réglages avant le début du concert. Parfois, surtout lorsque vous êtes professionnel, les photos ne sont autorisées que les trois premiers morceaux, soit une quinzaine de minutes ! Choisissez une balance automatique. C’est moins risqué d’essayer de définir un type de lumière dans un endroit où justement les lumières changent constamment. Optez pour une vitesse lente mais pas trop. En dessous du 1/60 ou 1/30, votre photo sera trop floue. Lorsque vous pouvez utiliser votre flash, ce type d’éclairage associé à une vitesse lente vous permet d’obtenir un flou de lumières aux reflets colorés des plus esthétiques et moins figées qu’avec une vitesse rapide. Même topo pour les personnages de rue, la nuit ou pour les ambiances de danse en boite de nuit ou dans des salles obscures.
Les phares de voitures, les danses du feu et les feux d’artifices
Le bitume, les voitures… surtout la nuit, rien d’interessant à priori. Mais en se penchant de plus près sur ce sujet, il peut être une source intarissable pour créer de merveilleuses photos qui sauront surprendre votre entourage. On peut utiliser, concernant la balance des blancs, une valeur tungtène, qui atténura les colorations rouges de la nuit et augmentera de surcroit l’intensité d’un ciel bleu nuit. Mais le mieux pour débuter est de régler sa balance des blancs sur Automatique. Vous pourrez modifier le résultat, s’il ne vous convient, sur un logiciel de retouche. Comme pour toutes les photos de nuit, une sensibilté de 100 iso est parfaite pour obtenir du détail. Beaucoup plus (800 iso par exemple) et vous aurez un grain inesthétique. Comme les autres photos de nuit, le pied est indispensable car la pose sera d’autant plus longue si la lumière se fait rare. Les résultats seront aussi très différents selon le moment où vous prenez la photo. Nuit noire ou Heure Bleue donnent des résultats très différents.. Lorsque vous photographiez des phares de voitures, sachez que plus la pose est longue (avec un diaphragme très fermé) plus les phares de voitures se feront « traces lumineuses » du meilleure effet. Un temps trop court, et les voitures seront visibles sur la photo. Leur lumière de phares étant dans ce cas précis des petites traces de lumière sans interet. Attention tout de même, une temps de pose très long fera ressortir toutes les petites traces que vous pourriez avoir sur le capteur ou l’objectif. Sur un ciel uni, un coup de logiciel de retouche photo et il n’y paraitra plus. Mais l’idéal est de faire nettoyer son capteur ou ses objectifs. Pour les feux d’artifices ou les dances du feu, vous appliquerez les mêmes procédés que pour les phares de voitures. Votre temps de pose sera plus ou moins long selon le résultat que vous souhaitez obtenir.
Petit lexique de la vitesse lente
- Vitesse d’obturation. Elle est aussi appelée temps de pose; c ‘est la durée pendant laquelle l’obturateur est ouvert. Pendant ce temps, la pellicule ou le capteur est exposé à la lumière.
- La pause B (bulb). L’obturateur est ouvert pendant tout le temps ou le photographe appuie sur le bouton.
- La pause T. L’obturateur s’ouvre lorsque le photographe appuie sur le déclencheur et se referme lorsque le photographe appuie une deuxième fois sur le déclencheur.