Quelles sont les tendances actuelles en terme de production, d’exportation et de consommation de vins dans le monde ? Les vins du monde sont-ils toujours en expansion ou connaissent-ils un repli ? La crise sanitaire a-t-elle fortement impacté le marché mondial du vin ?

L’EUROPE, PETIT TERRITOIRE, GRAND PRODUCTEUR

Les vins ne sont plus l’apanage d’un savoir-faire français ou européen ! Certes, l’Ancien Monde a longtemps tenu la dragée haute au Nouveau Monde, mais peut-être ce fait était-il plus lié aux difficultés d’importation, de transport, de logistique qu’à la qualité intrinsèque de ces crus venus d’ailleurs. Aujourd’hui, avec l’avènement d’internet et des ventes en ligne, il n’y a rien de plus facile pour commander des bouteilles de vin et se les faire livrer chez soi même lorsqu’elles sont produites à l’autre bout de la planète. Le vignoble de l’Union Européenne des 27 reste cependant le plus gros producteur du marché mondial du vin. Les raisons sont diverses et variées. Parmi elles, le fait que ce territoire représente la moitié des superficies viticoles mondiales. Le vignoble européen connaît un équilibre entre l’arrachage des anciennes vignes et la plantation de nouvelles vignes. À contrario de certains pays comme l’Iran, la Turquie, l’Ouzbékistan et les États-Unis qui ont vu leur surface de vignoble se réduire comme peau de chagrin. Ajouté à cela que les Européens (UE27) sont de gros consommateurs de vins (48% de la consommation mondiale). Face à tous les scandales alimentaires qui se suivent depuis plusieurs décennies, ils préfèrent de plus en plus produire sur place les produits consommés. Une démarche durable dans l’air du temps.

LA FRANCE, DEUXIÈME PRODUCTEUR EUROPÉEN DE VIN

Contrairement aux idées reçues et selon l’OIV (Organisation Internationale de la vigne et du vin), ce ne sont pas les Français qui sont les premiers producteurs du marché mondial du vin mais les Italiens. La France n’arrive qu’en deuxième position avec 46,6 millions d’hectolitres suivie de près par l’Espagne (alors que le pays possède la plus grande surface viticole mondiale !). Si le volume produit par l’Italie (49,1 millions d’hectolitres) reste sensiblement le même par rapport aux années précédentes, la France et l’Espagne ont connu en 2020 une forte augmentation de production attribuée à un printemps et un été chauds. Un changement climatique qui a favorisé une récolte plus précoce et importante. Certains vignobles français comme la Champagne se sont d’ailleurs engagé très tôt sur ces questions de réchauffement climatique. Dès les années 1980, l’ensemble de la filière champenoise a pris les devants pour une production plus durable avec moins d’intrants, moins d’empreinte carbone, une meilleure maîtrise des déchets…
Hormis l’Allemagne et la Géorgie, dont les productions ont également augmenté, tous les autres pays de l’Union Européenne producteurs de vins (Portugal, Roumanie, Autriche, Hongrie, Grèce, Russie, Ukraine, Moldavie) ont subi une baisse par rapport à 2019.
Si depuis 2017, la surface du vignoble mondial reste sensiblement la même, cette stabilité cache en fait des évolutions hétérogènes dans différentes régions du monde. Certains pays ont augmenté leur superficie plantée en vigne tandis que d’autres ont, au contraire, réduit cette superficie, à l’instar de la Turquie, cinquième vignoble mondial, qui depuis sept années consécutives connaît cette réduction.

ÉVOLUTION DES SURFACES VITICOLES ET DE LA PRODUCTION DU NOUVEAU MONDE

Longtemps inaccessibles, puis snobés par les amateurs de grands crus, les vins dit « du monde » (Argentine, Etats-Unis, Chili, Afrique du Sud, Nouvelle-Zélande…) émergent depuis les années 1990 et ont même parfois réussi à s’imposer sur des marchés traditionnellement acquis aux vins français ou plus largement aux vins européens. La mondialisation leur a permis de s’exporter. Ces vins provenant de régions pour la plupart climatiquement chaudes, donc inondées de soleil, mettent en avant bons nombres de qualités demandées aujourd’hui à un vin par les consommateurs. Structure, maturité gustative, arômes puissants ou subtils, gourmandise des vins mettent à l’index la « consensualité » des vins européens, parfois leur minéralité trop exacerbée. Cependant, ces « nouveaux » territoires (Etats-Unis, Argentine, Chili, Afrique du Sud) connaissent des baisses parfois constantes depuis quelques années de leur superficie plantée en vigne. En Océanie, le vignoble australien reste inchangé en terme de surface tandis que le Néo-Zélandais croît régulièrement. Parallèlement, cette baisse de superficies viticoles est accompagnée de baisse de production de vins. En 2020, l’Amérique du Nord a enregistré une baisse de 11% par rapport à 2019. En cause, mauvaises conditions météorologiques. Idem en Amérique du Sud (Argentine, Chili, Brésil) et en Australie où la tendance est négative. Seules, l’Afrique du Sud et la Nouvelle-Zélande peuvent se targuer d’excellent résultats avec respectivement 7% et 11% de croissance par rapport à 2019.

LA CONSOMMATION MONDIALE DE VIN

Globalement, la consommation mondiale de vin a subi une légère baisse par rapport à 2019 (3%), affichant 234 millions d’hectolitres consommés. Les meilleures années restant cependant 2007-2008. À première vue, cette baisse peut être attribuée à la crise sanitaire du COVID-19. Elle est cependant très asymétrique puisque certains pays ont consommé plus de vins en 2020 (Italie, Royaume –Uni, Russie, Argentine, Brésil, Autriche, République Tchèque…) et d’autres moins qu’habituellement (Espagne, Afrique du Sud, Belgique, Suède, Canada, Autralie..). Des variations imputables aux mesures de confinement, la perturbation du canal Horeca, l’absence de tourisme inter-pays… Cette baisse du marché mondial du vin peut également être attribuée en partie à la baisse de consommation chinoise de vin. La Chine, dont la croissance de la consommation de vin avait été exponentielle en début de siècle, affiche désormais une baisse de 17,4% par rapport à 2019 et trois années de baisses consécutives. Un effet papillon ? Apparemment oui… Le Japon, deuxième pays consommateur en Asie, quant à lui, reste stable depuis la septième année consécutive. Les USA gardent leur position de premier pays consommateur de vin au monde avec 14% de la consommation mondiale suivi de près par la France qui reste parfaitement stable par rapport à 2019 avec 11% mais en baisse depuis 5 ans. La plus forte baisse par rapport à sa dernière moyenne quinquennale (26,7%) est l’Afrique du Sud. En cause, les ventes locales ou en ligne ont été totalement interdites durant 14 semaines en 2020.